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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/63

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est utile, avantageuse & nécessaire, lorsqu’elle est dans une juste proportion, autant elle est nuisible, dangereuse & destructive, lorsqu’elle pèche ou par défaut, ou par excès. Son défaut mène au desséchement & à la solidification ; la disparition insensible de l’humide radical, conduit à pas lents au tombeau ; c’est un des principes toujours agissans qui nous pousse vers la mort. Son excès occasionne de très-graves maladies, comme l’épanchement de sérosités, l’hydropisie, &c. &c. pour les détails desquelles nous renvoyons à la partie médicale de cet Ouvrage.

2°. L’influence extérieure de l’eau sur l’économie animale, tient à sa combinaison avec l’air qu’elle rend plus ou moins humide, à son état de vapeurs, de brouillards, de nuages. Dans ces différentes modifications, l’eau agit directement sur le corps, en le pénétrant soit avec l’air, par l’organe de la respiration, soit à travers les pores de la peau. L’eau dissoute par l’air, & combinée avec lui, vient continuellement rafraîchir les poumons échauffés par le sang & la chaleur vitale ; c’est-là que le sang vient y tempérer son ardeur, en offrant une surface toujours nouvelle à cet air saturé d’eau. L’eau peut s’insinuer à travers les pores de la peau, & parvenir jusque dans l’intérieur du corps, & c’est sur ce principe qu’est fondée toute la théorie des bains. Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur l’influence extérieure de l’eau ; on les trouvera plus développés aux mots Bain, Brouillard, Humidité & Vapeurs.

§. II. Action de l’eau sur le règne végétal. Il y a tant de rapport entre l’économie animale & la végétale, que l’on doit soupçonner d’abord que l’eau agit à peu près de même dans l’un comme dans l’autre. L’observation nous montre, en effet, que sans l’eau, tous les végétaux périroient absolument ; qu’elle est le principe de leur existence. Quelques auteurs ont même été jusqu’à croire que l’eau est le seul & unique moyen que la nature emploie dans la nourriture des plantes & dans la végétation en général. L’on ne peut nier que l’eau ne paroisse en effet être l’unique principe de la végétation, si l’on consulte les expériences que Vanhelmont, Boyle, MM. Duhamel, Bonnet, &c. ont faites sur ces objets, sur des plantes & des arbres même qui croissoient & poussoient des branches & des feuilles, quoiqu’ils n’eussent pour toute nourriture que de l’eau ; mais en même temps que dans ces cas l’eau n’a été que le véhicule des substances hétérogènes, avec lesquelles elle est toujours mêlée, & que ces plantes se sont encore nourries de l’air atmosphérique, & de toutes les parties qu’il contient, on conviendra que dans le règne végétal, comme dans le règne animal, l’eau ne joue que le même rôle. Ceci deviendra plus sensible lors que nous aurons détaillé tous les principes sur lesquels nous appuyons l’explication du grand phénomène de la végétation. (Voyez ce mot)

L’eau, comme nous l’avons remarqué plus haut, dissout presque toutes les substances ; mais si elle pénétroit les plantes, & charioit avec elle la terre soluble, les sels, &c. dans leur état simple de terre & de sel, elle ne seroit pas d’un