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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/707

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plates, & placées de niveau entre elles. Cette première mise, & qui n’est pas bien forte, permettra de consommer & de vendre jusqu’au dernier brin d’herbe.

La forme d’un fuseau pour les meules, n’est pas essentielle ; la quarrée ou le quarré, plus ou moins alongés, servent tout aussi bien, & économisent l’emplacement ; car tout celui qui formeroit les angles d’une meule ronde, est perdu. Si on adopte la forme quarrée, la meule doit être montée dans le même goût que la meule ronde, c’est-à-dire, terminée en pointe, renflée dans son milieu & plus étroite à sa base.

Les meules de forme ronde, destinées à être consommées petit à petit dans la ménagerie, exigent, pour plus de perfection, d’être montées contre une forte pièce de bois, placée perpendiculairement, & fortement fichée en terre dans le centre de l’emplacement. Cette perche ou pièce de bois, fixe la hauteur qu’aura la meule ; & elle doit l’excéder, parce qu’à son sommet on attache fortement de la paille tout autour, qui recouvre la meule. Elle sert encore à régler l’ouvrier dans les dégradations de la base, du milieu & du sommet de la meule. Si la meule est quarrée, on forme un parallélogramme, avec plusieurs perches droites & en nombre proportionné à la longueur qu’elle doit avoir.

Il y a plusieurs manières de monter les meules. La première & la plus simple, est d’étendre sur le sol ou sur le plancher le foin qu’on apporte des petits monceaux ; si c’est sur la prairie, ou si de la prairie on le transporte près de l’habitation, plusieurs hommes le serrent avec les genoux en parcourant toute la superficie à mesure qu’on le jette ; d’autres ne quittent pas les bords, & retroussent sans cesse les brins d’herbe, afin qu’ils n’excèdent pas. Lorsque la meule commence à être à une certaine hauteur, des femmes armées de râteaux, tournent perpétuellement autour, râtèlent les parois de la meule, en font tomber les brins qui ne tiennent pas, & les rejettent par-dessus.

Dans d’autres endroits, lorsque la couche de foin, pressée avec les genoux sur toute sa superficie, est à peu près d’un pouce d’épaisseur, on étend sur les bords un lit léger de paille qu’on laisse déborder d’un pied & demi. Sur cette paille on met de nouveau du foin à la même hauteur ; alors l’ouvrier la relevant sur cette couche & la rabattant sur elle, la retient & empêche que l’herbe ne s’échappe. Toutes ces assises de paille sont comme autant de clefs qui lient l’ensemble de la manière la plus solide. Lorsque la meule est montée, ces zones de différentes couleurs, forment un coup-d’œil agréable. J’en ai vu une sur laquelle l’ouvrier avoit tracé dans l’arrangement de la paille, une ligne spirale & très-régulière, depuis la base jusqu’au sommet.

Dans plusieurs cantons on laisse la paille déborder de quelques pouces seulement, & on ne la retrousse point. L’une & l’autre méthode ont leur avantage. La première lie toutes les parties ensemble, & chaque lit extérieur de la seconde, forme comme une espèce de toit qui garantit de la pluie le foin du dessous. La pluie, le temps, les vents, &c. leur font successivement perdre leur roideur, & ces extrémités de paille, jadis excédantes, se collent contre la meule,