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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/708

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& la pluie coule sur elles comme sur une toile cirée.

Ailleurs, toute la partie qui forme la pyramide au-dessus de la plus saillante du milieu, est recouverte par de petites gerbes de paille de la grosseur du bras, liées dans la partie supérieure, & coupées également dans l’inférieure. Ces petites gerbes se posent en recouvrement les unes sur les autres, de la même manière que les tuiles d’un bâtiment ; mais le haut du cône, est moins pyramidal que dans les autres meules dont on a parlé plus haut. À l’extrémité supérieure de la meule, & contre la perche qui la traverse du haut en bas, on assujettit avec des cordes les dernières petites gerbes, & on les couronne par une forte gerbe de paille longue, qui est également fortement liée contre la perche. J’ai vu à la seconde année le foin de ces meules parfaitement sec & bon.

Les hollandois (sans doute que le climat l’exige) plantent un fort piquet ou pièce de bois au quatre coins du sol qui doit porter la meule, & les assujettissent en terre. Ces pièces de bois sont percées de distance en distance de trous d’un pouce de diamètre au moins. Ces trous servent à recevoir des chevilles, & ces chevilles à supporter un toit léger, fait avec des chevrons & des planches peintes en huile, mises & clouées en recouvrement les unes sur les autres. Ce toit déborde de chaque côté, & d’un pied, les parois de la meule. Celui qui vient chercher le fourrage, commence à le prendre dans la partie supérieure de la meule montée quarrément, & continue toujours en descendant. Lorsqu’il se trouve une trop grande distance entre le toit & le foin, on place des pieds droits mobiles pour maintenir le toit ; on tire les chevilles que l’on place dans un ou deux trous plus bas, suivant la hauteur du vide, & petit à petit on retire ou abaisse les pieds droits, & le toit descend de lui-même sur les chevilles destinées à le supporter. Telle est la construction des différentes meules dont j’ai eu connoissance. Il en existe sans doute beaucoup d’autres, & on me rendra service si l’on veut me les indiquer.

Le service des écuries n’exige pas qu’on dérange jusqu’à un certain point ces meules. Chaque brin d’herbe, par le poids des brins supérieurs, & du sommet jusqu’à la base, se pressent les uns sur les autres, & après un certain temps, sont très-serrés, de manière qu’il seroit long & difficile d’arracher avec la fourche le foin de la meule. On se sert d’une doloire bien tranchante, &, matin & soir, on coupe ce dont on a besoin pour la nourriture des bêtes ; cette opération n’est pas longue. L’attention qu’on doit avoir est de couper perpendiculairement à une certaine hauteur, & d’une manière uniforme ; mais il faut avoir soin, autant qu’il est possible, de laisser dans la partie supérieure, un petit rebord pour recouvrir l’inférieure. À mesure que l’on monte, ce rebord est abattu ; on en laisse un autre, & ainsi de suite. Les regains ou seconds foins nécessitent plus que le foin d’ouvrir des tranchées avec la doloire, parce que l’herbe est plus fine, & par conséquent plus serrée dans la meule.