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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/444

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donné d’eux-mêmes. On croit que cette dernière est bien meilleure que la première, de même que la manne qui coule d’elle-même du tronc est bien meilleure que les autres. Quelquefois, après & dans l’incision faite à l’écorce, on y insère des pailles, des fétus, ou de petites branches. Le suc qui coule le long de ces corps s’y épaissit, & forme de grosses gouttes pendantes en forme de stalactite, que l’on enlève quand elles sont assez grandes ; on en retire la paille, & on les fait sécher au soleil. Il s’en forme des larmes très-belles, longues, creuses, légères, & comme cannelées en-dedans, & tirant quelquefois sur le rouge ; quand elles sont sèches on les renferme bien précieusement dans des caisses : on en fait grand cas, & on a raison, car elles ne contiennent aucune ordure ; on les appelle manne en larmes.

La manne est un purgatif doux, avantageux dans tous les cas où l’évacuation des matières fécales est indiquée, où il est essentiel en même temps d’entretenir, d’augmenter le cours des urines, d’enlever les graviers & les mucosités qui embarrassent les voies urinaires ; où l’on ne craint point d’augmenter la soif, la chaleur de l’estomac, des intestins, de la vessie & de la poitrine ; elle calme la colique néphrétique causée par des graviers & par la goutte ; elle rend l’expectoration plus abondante, & elle irrite même les bronches ; en conséquence elle est contre-indiquée dans la phtisie pulmonaire essentielle ; l’hémophtysie par disposition naturelle & par pléthore : chez les phtisiques elle rend la fièvre lente plus vive, la toux plus fréquente, l’expectoration plus forte ; chez l’hémophtysique, le crachement de sang plus fréquent & plus abondant.

La manne en larmes naturelle ou factice, est préférable à toutes les autres espèces : la dose est depuis une once jusqu’à trois, en solution dans cinq onces d’eau.

On vend, dans le commerce, une espèce de manne, connue sous le nom de briancon. Des Italiens traversent les Alpes, & viennent en faire la récolte dans les environs de cette ville. Il est certain que le frêne, n°, 2, ou fraxinus oraus. Lin. fournit de très-bonne & très-belle manne dans nos provinces du midi, & surtout près de la Méditerranée. Je me suis amusé à en ramasser quelques onces pour juger de sa qualité, & l’expérience m’a prouvé qu’elle étoit aussi bonne que celle de Calabre. Il est donc clair que si l’on vouloit en prendre la peine, il seroit possible de récolter dans le royaume celle que l’on y consomme.


MANNE ou MANNEQUIN. Espèce de pannier d’osier, plus long que large, dans lequel on apporte les fruits au marché.

Mannequin, (arbre en) Arbres tirés de terre, & mis dans des mannequins ou panniers, que l’on place en terre avec leur mannequin, afin d’avoir, par la suite, la liberté de les transplanter.


MARAICHER. Jardinier qui cultive un marais.


MARAIS. Ce mot a plusieurs acceptions. Par marais proprement dit, on entend une terre abreuvée de beaucoup d’eau, qui n’a point d’é-