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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/445

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coulement ; il diffère des lacs & des étangs, en ce que ceux-ci sont submergés. La seconde acception est particulière à Paris & dans ses environs, & presque inconnue dans le reste du royaume. Un jardin potager y est appelle marais, sans doute parce que les premiers potagers des environs de la capitale ont été établis sur un sol marécageux, ou sur un sol qu’il falloit creuser peu profondément pour se procurer l’eau nécessaire aux arrosemens. De-là l’origine du nom maraicher, pour désigner l’homme qui cultive un potager ou un marais. Il est certain que les bas-fonds, & même les marais, réunissent de grands avantages lorsqu’on les transforme en jardin, & qu’on donne un écoulement aux eaux. La terre végétale s’y accumule d’année en année par la décomposition perpétuelle & toujours renaissante des animaux, plantes, insectes, &c. dont le dernier résultat est la création d’un sol de couleur brune, tirant sur le noir, dont les principes sont déjà combinés & excellens, & dont les molécules se séparent facilement les unes d’avec les autres ; enfin, le sol par excellence pour la culture des légumes. Si on ajoute à cet avantage celui de pouvoir se procurer de l’eau presque sans peine, on verra qu’un semblable terrein mérite la préférence sur tous les autres. Chaque année la superficie du sol n’exhausse, soit par le débris de végétaux, &c., soit par le transport des terres, si le fonds est trop bas & trop aqueux.

Quant aux marais proprement dits, consultez les articles Défrichemens, Desséchemens, Étangs. Il est impossible que l’air qui environne ces marais ne soit pas infecte, & que les malheureux habitans qui sont attachés à la glèbe, dans le voisinage, ne soient pas, peu à-peu, consumés par la fièvre ; & à coup sûr les bœufs, vaches, chevaux, &c. qu’on y envoie paître sont de la plus grande maigreur. Lisez l’article Commune, Communaux.


MARASME. Médecine Rurale. C’est le dessèchement général, & l’amaigrissement extrême de tout le corps ; c’est le dernier état de la consomption.

Ceux qui en sont attaqués, ressemblent parfaitement à des squelettes vivans, tant ils sont décharnés & desséchés. Cet état de maigreur est trop sensible pour n’être pas apperçu, & la seule inspection de ceux qui en sont atteints, fait mieux reconnoître cette maladie, que le détail des symptômes les plus circonstanciés.

Cette maladie est pour l’ordinaire accidentelle ; presque toujours elle vient à la suite de quelque longue maladie ; elle dépend souvent d’un vice dans les humeurs, de leur dissolution, & du défaut de nutrition de toutes les parties du corps. On est sujet à cette maladie dans tous les âges de la vie ; le vieillard n’en est pas plus à l’abri que le jeune homme, & les enfans à la mammelle ; les pertes de sang extraordinaires, des lochies trop abondantes, une dyssenterie invétérée, le scorbut, la vérole, une suppuration trop abondante, la paralysie, des embarras dans les glandes du mésentère, sont des causes qui déterminent aussi cette maladie mais il n’en est point de plus puissante que la masturbation. Combien de jeunes gens sont tombés dans cet état de dessé-