Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/770

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion qu’il n’y ait que vingt moutons à-la-fois pour chaque gâteau du poids d’une livre, sans quoi on ne pourroit être sûr de faire une distribution égale. Si cette distribution se fait dans la bergerie, on fera sortir les moutons, & après avoir mis un gâteau concassé, du poids d’une livre, dans la mangeoire, on laissera entrer vingt moutons seulement ; après que ceux-ci auront mangé on les fera sortir pour en faire entrer vingt autres, pour lesquels on aura concassé un autre gâteau du même poids, & ainsi de suite.

Les gâteaux salés, ainsi distribués aux moutons, préviendront leurs maladies, & entretiendront leur bonne constitution, ou la rétabliront s’ils l’ont perdue, du moins s’il n’y a point de vice intérieur qui exige un traitement extraordinaire. On peut aussi en donner aux béliers quelques heures avant de faire saillir les brebis, aux brebis avant d’être saillies, aux moutons dont la laine paroît tomber, ou dont le tempéramment paroît affoibli ; & aux agneaux qui ne paraissent pas d’une bonne constitution, en observant de diminuer la dose de plus de la moitié ; on peut en donner aussi aux chevaux, aux mulets, aux bœufs, &c. qui sont dégoûtés, relativement à des humeurs qui s’amassent dans l’estomac & les intestins ; mais la dose pour ceux-ci doit être quadruple.

Outre les gâteaux salés, on peut encore employer d’autres sels qui sont moins coûteux que le sel commun, & peut-être aussi bons & même meilleurs. Le sel de tartre, la potasse ou les cendres gravelées fondues dans l’eau, seroient aussi appétissans que les gâteaux pour les moutons ; mais il faudroit les donner à moindre dose. On a éprouvé que la potasse, donnée à la dose d’un gros pendant plusieurs jours de suite à un mouton, ne lui a causé aucune incommodité. Si l’on n’avoit aucuns de ces sels, on pourroit y suppléer par le procédé suivant : Versez deux écuelles, ou environ deux livres d’eau sur une demi-livre de cendres, laissez reposer l’eau pendant quatre heures, & la transvasez pour la faire boire à un mouton.

Pour savoir positivement si ces sels sont aussi bons que le sel commun dans la maladie de la pourriture, (Voyez ce mot) il faudroit être dans un canton où les moutons fussent sujets à cette maladie : on pourroit choisir alors des moutons du même âge, qui auroient cette maladie au même degré, & l’on donneroit aux uns du sel commun, & aux autres de l’eau dans laquelle on auroit jeté des cendres, ou fait fondre de la potasse, des cendres gravelées, du sel de tartre. En continuant ces remèdes on jugeroit de leurs effets, & l’on parviendroit à connoître quelles en doivent être les doses.

Tous ces essais sont assez intéressans pour mériter l’attention d’un médecin vétérinaire, ou d’un cultivateur intelligent, qui seroient capables de les bien faire, & qui habiteroient un pays où les moutons seroient sujets à la pourriture.


CHAPITRE VIII.

Du parcage des bêtes à laine.

§. I. Qu’entend-on par parcage ? Comment fait-on parquer les bêtes à laine ?

Le parcage des bêtes à laine est le