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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/110

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dans leur brou, afin que l’amertume de cette enveloppe empêche les rats, les mulots d’attaquer les noix, dont ils sont très-friands : à cet effet, les sillons qui doivent les recevoir, sont espacés de deux pieds de distance, & chaque noix est séparée de ses voisines, par un intercale de deux pieds.

VI. De la conduite du semis. Lorsque dans le courant de l’été on sera bien assuré que les noix auront germé & seront sorties de terre, on arrachera un rang entier qui n’a été semé que par précaution, de manière que chaque tige soit séparée des autres de quatre pieds de distance en tout sens. Si dans la rangée que l’on conserve, il manque quelques sujets, on réservera le même nombre, & un peu plus, parmi les plus beaux de la rangée qui doit être supprimée, & on les replantera dans les places vides, suivant les climats, en novembre ou en mars, ou en août ; ou bien, on peut attendre l’une de ces époques pour faire la suppression totale des surnuméraires, & en former une nouvelle pépinière.

Cette méthode mérite la préférence sur la première, en ce qu’elle est plus simple. Il paroît qu’en opérant ainsi, on perd beaucoup de terrain, au moins dans les premières années. Rien n’empêche que l’année qui suit celle du semis, le champ ne soit couvert de grains. Il s’agit alors de labourer avec la charrue appelée araire, (voyez le mot Charrue) avec ou sans oreilles, comme on laboure les vignes dans le Bas-Dauphiné, la Provence & le Languedoc, & cette charrue n’endommage point les jeunes pieds ; on laisse l’espace d’une raie ou sillon des deux côtés du pied, sans labourer & sans semer ; de sorte qu’on a des bandes ou lisières de grains de trois pieds de largeur, & que le jeune plant se trouve avoir un pied de dégagement. Avec une semblable pépinière, pour peu que le champ soit grand, il y a de quoi fournir tout un village. Si on le désire moins considérable, on proportionne l’espace à ses besoins, ou bien on le consacre tout entier aux plants sans songer aux récoltes en grain.

Si on suit l’exemple de plusieurs cultivateurs qui replantent tous les jeunes pieds après la première année, afin de leur supprimer le pivot, il est inutile de laisser un si grand espace pour le semis ; douze à dix-huit pouces de distance d’une noix à l’autre suffisent, sauf après la première transplantation, ou après la seconde, de les espacer de trois à quatre pieds, afin de leur laisser la facilité de croître avec aisance jusqu’au moment où on les transplantera dans les champs.

Est-il bien démontré que ces premières & secondes transplantations en pépinières soient si avantageuses ? Est-il bien démontré qu’outre le pivot il n’y ait pas assez de chevelus pour assurer la reprise de l’arbre lorsqu’on le plantera à demeure ? L’expérience prouve le contraire ; car dans beaucoup de nos provinces on ignore le besoin de ces retransplantations. Je conviens que les arbres ainsi traités ont beaucoup plus de racines latérales & de chevelus, que leur reprise est assurée ; mais je conviens aussi que pour peu que le tronçon du pivot qui reste, soit garni de chevelus, il reprend assez bien. Enfin, ces replantation multipliées