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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/111

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retardent les progrès de la croissance de l’arbre. Les corbeaux, les corneilles, & jusqu’aux pies, sont les grands semeurs des noyers dans les campagnes. Si leur bec n’est pas assez fort pour casser la noix, ils la laissent tomber sur une pointe de rocher, sur une pierre où souvent sa coquille ne se brise point, resaute, & la noix va se perdre dans le champ, dans la vigne, dans un buisson, &c.

J’ai souvent fait replanter à demeure de pareils noyers, & leur pivot étoit considérable ; il ne s’agit que de faire la fouille plus profonde, de bien ménager les chevelus, & d’avoir grand soin de la partie du pivot qui demandoit d’être conservée. Je réponds, d’après ma propre expérience, que quoique la reprise de ces arbres ait pu être moins parfaite dans la première année que celle des arbres transplantés en pépinières, ils ont très-bien réussi, & donné & donnent encore de beaux fruits & en quantité. La prudence exige cependant qu’on laisse sur place l’arbre, élève de la nature & du hasard, jusqu’à ce qu’il produise du fruit. Si la qualité & la grosseur sont bonnes, on le transplante ; si l’une ou l’autre est défectueuse, il faut arracher l’arbre & le jeter au feu, puisqu’il va occuper inutilement un très-grand espace, à moins qu’il n’ait végété sur un sol qu’on ne sauroit destiner à d’autres productions. Ces replantation dans les pépinières, sont peut-être nécessaires dans les provinces du nord du royaume, puisque plusieurs écrivains, d’ailleurs très-estimables, les conseillent ; mais je le répète d’après ma propre expérience on peut très-bien s’en passer dans celles du centre & du midi du royaume. Le cultivateur choisira actuellement la méthode qui lui conviendra le mieux.

Quelques écrivains ont conseillé de placer un carreau ou une brique, une tuile, &c. sous la noix, en la semant, & de la recouvrir de terre, afin que ce corps dur oblige le pivot de s’étendre latéralement & de ne pas s’enfoncer perpendiculairement. Cet expédient est tout au moins inutile. Le pivot suivra la brique, la tuile, &c. ; mais dès qu’il trouvera la terre du dessous en s’allongeant, il s’enfoncera tout de suite après avoir encore fait un petit coude.

J’ai demandé que chaque plant fût espacé de quatre pieds en tout sens. 1°. Afin que l’arbre eût autour de lui une plus grande circonférence d’air atmosphérique. 2°. Afin de lui laisser la liberté d’étendre ses rameaux. Les pépiniéristes ont en général la mauvaise habitude de planter trop près, dans la vue de diminuer le travail & de ménager l’espace ; aussi ils ont grand soin d’élaguer, avant ou après, le premier & le second hiver, les pousses latérales du tronc. Il en résulte que la séve se porte avec violence au sommet, que la tige s’élance & il ne reste plus cette proportion requise entre sa hauteur & sa grosseur. Il vaut beaucoup mieux attendre à la troisième année à commencer le premier élagage, le tronc déjà fort, gagnera plus en hauteur proportionnée entre la troisième & la quatrième année qu’il ne l’auroit fait si l’on eût suivi la méthode contraire.

Dans les provinces du centre & du midi du royaume où la végétation est forte, commence de bonne heure & finit tard, la hauteur des plants est de