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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/136

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dans la moitié du fruit, tandis que certaines espèces offrent des noyaux si durs, dont les battans sont si serrés, qu’ils résistent à de grands efforts avant de se briser. Cependant les uns & les autres cèdent aux douces impulsions de la nature ; les battans s’ouvrent sans peine, lorsque la germination de l’amande commence, & ils protègent l’embryon jusqu’à ce que ses deux lobes soient développés. A. B.

Comment la nature, par le secours de la germination, parvient-elle à séparer les deux battans d’un noyau ? Cette question mérite toute l’attention du naturaliste, & elle a été peu examinée. Je vais hasarder quelques conjectures à ce sujet ; je prends le noyau d’abricot pour exemple. Peut-on dire que la déhiscence des deux battans tienne simplement à l’augmentation du volume de l’amande qu’ils renferment ? Doit-on considérer son volume comme un levier qui agit sans cesse du dedans au dehors, & qui enfin les sépare ? J’ai eu beau chercher les articulations par charnière dans le noyau pris pour exemple ; quoiqu’elles soient assez visibles dans ceux de certaines pêches, de certaines cerises, &c. ; je ne les ai point trouvées dans celui-ci. J’ai vu, au contraire, que la partie arrondie du noyau étoit véritablement ligneuse à l’extérieur, & qu’il ne paroissoit à l’extérieur aucune solution de continuité, sur-tout dans le noyau d’abricot dont l’amande est amère, tandis que au côté opposé il semble que ce sont des lames minces, tranchantes, appliquées les unes sur les autres. Si on divise ces deux battans suivant leur longueur sans les endommager, on verra qu’il règne tout autour des deux parties qui se rejoignoient, une rainure correspondante, & que la cavité qu’elle forme est remplie par une espèce de fibre, de corde, de nerf, ainsi qu’on voudra l’appeler. Ce nerf part comme d’un point fixe du gros bout du noyau qui correspondoit au pédicule qui soutenoit le fruit, il va se terminer vers l’extrémité supérieure, & conserve, au moins à la vue simple, à peu près son diamètre. Lorsque l’on casse un noyau lors de la maturité du fruit, on apperçoit que ce nerf est presque blanc & d’une couleur différente de celle du noyau ; dans cet état, il est flexible.

Une autre considération à faire, c’est que le bois du noyau n’a qu’un point d’épaisseur à son extrémité supérieure à laquelle correspond la pointe de l’amande, & par conséquent le germe ; ainsi la partie la plus foible est celle-ci.

D’après cette anatomie, ne peut-on pas dire que ce nerf placé dans la rainure, réunit & serre toutes les parties du cercle contre la circonférence, & que peut-être la solidité de toute la charpente tient à ce lien.

L’amande sèche remplit à peu près la moitié de la cavité ; si elle germe, elle en occupe toute la capacité ; mais pompant une surabondance d’humidité qui fait travailler ses sucs, le nerf se ramollit, le germe s’insinue entre les deux battans, & surmonte le petit obstacle que lui oppose le peu d’épaisseur du bois en cet endroit. Comme l’effort du germe est continuel, peu à peu il divise la pointe des deux battans, & ils ne sont entièrement séparés que lorsque les deux lobes de l’amande les font tomber par leur épanouissement.

Si on admet une articulation par charnière, ou semblable à celle des os du crâne, que j’ai vainement cherchée dans le noyau d’abricot, il sera bien