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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/137

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plus aisé d’expliquer ce phénomène par la simple dissolution de la sinovie qui remplissoit les cavités, & servoit de gluten à chaque pièce. Au surplus, je ne propose ces idées que comme de simples probabilités ; si on en connoît de plus justes, je prie de me les communiquer, je les recevrai avec reconnoissance, j’en ferai usage, & je citerai leur auteur.

La nature n’a donné à la pêche, à l’abricot, &c., cette chair délicate qui flatte notre goût, que pour la conservation & la perfection de son noyau par lequel l’arbre se reproduit. Quel travail immense, que de préparations, que d’épuremens des sucs avant qu’ils arrivent à l’embryon ! Par une double articulation, l’une sur la branche & l’autre avec la pellicule du fruit, la séve est élaborée, raffinée & perfectionnée, & toute la partie grossière est rejetée. Cette séve circule dans la pulpe du fruit, elle y contracte de nouveaux mélanges, & par la transpiration de ce fruit, elle s’y épure de nouveau. Le noyau au milieu de cette pulpe, semblable à l’enfant dans le ventre de sa mère, reçoit, par une multitude de cordons ombilicaux, ces sucs ; il les élabore encore & transmet, par le cordon ombilical qui correspond à la partie inférieure de l’amande, une séve plus particulièrement chargée de principe huileux & inflammable, que de tout autre.

Ces cordons ombilicaux ne sont point une chimère ; ils sont blancs, on les distingue sans peine dans les rainures extérieures de la partie tranchante du noyau ; on voit la canelure où ils s’implantent à la base & à la partie supérieure du gros côté. Si le noyau d’abricot est doux, si l’arbre n’a pas été greffé, on peut avec un crin, désobstruer la canelure & enfiler les noyaux comme des grains de chapelet. Ces cordons sont des prolongations des plexus ou réseaux que l’on découvre dans le fruit, & qui contiennent sa pulpe.

Il seroit important d’examiner séparément les fruits & leurs noyaux : mais ces recherches me mèneroient trop loin, il suffit de mettre l’observateur sur la voie.


NOYÉ, SUBMERGÉ. Médecine Rurale. On a beaucoup écrit sur la cause de la mort des noyés, & malgré les expériences & les découvertes faites à ce sujet, le peuple & les gens de la campagne regardent encore la présence de l’eau dans l’estomac, comme la véritable cause de ce genre de mort.

D’après cette erreur que les différens écrits publiés par ordre du gouvernement, n’ont pas détruite, il ne se noye personne qu’on ne le suspende par les pieds, immédiatement après qu’on l’a retiré de l’eau, afin de lui faire rendre, par la bouche, celle qu’on suppose qu’il a avalée ; il est bien prouvé que cette suspension ne produit rien ; qu’elle est au contraire nuisible, & ne procure la sortie que de l’eau contenue dans la bouche ; c’est un malheur pour l’humanité, & un obstacle pour le progrès de l’art de guérir : mais les préjugés se détruisent à la longue, lorsque l’expérience sert de guide. Tissot, dans son avis au peuple, dit « que l’on a trouvé quelquefois de l’eau dans l’estomac des noyés, mais que le plus souvent il n’y en a point ; d’ailleurs (continue-t-il) la plus grande quantité qu’on y en ait jamais trouvée, n’excède point ce qu’on peut en boire, sans s’incommoder ; ainsi, ce n’est point-là la cause de la