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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/16

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de la dix-neuvième classe, destinée aux arbres à fleurs à chatons, dont les fruits sont des baies molles, & il l’appelle morus fructu albo. Von-Linné le nomme morus alba, & le classe dans la diœcie-tetrandrie.

Fleurs à chaton, mâles & femelles, séparées, mais sur le même arbre. Les fleurs mâles sont composées de quatre étamines placées dans un calice divisé en quatre folioles ovales & concaves. Les fleurs femelles sont composées de deux pistils en forme d’alène, placées dans un calice à quatre folioles obrondes, obtuses & qui restent adhérentes au fruit jusqu’à sa maturité.

Fruit. Espèce de baie nommée mûre, de forme sphérique, alongée, composée de petites baies formées des calices & des germes renflés, devenus charnus & succulent : c’est de l’agrégation de ces petites baies qu’est formé le fruit : chaque baie partielle contient une semence ovale, aiguë.

Feuilles, portées par d’assez longs pétioles, simples, entières, en forme de cœur, rudes au toucher, dentées par leurs bords, quelquefois découpées en un plus ou moins grand nombre de lobes, sur-tout dans le mûrier non greffé.

Racine, jaune, ligneuse, rameuse, très-courante.

Port. Arbre de la seconde grandeur, & auquel on ne permet pas de prendre toute son élévation, afin de faciliter la cueillette de ses feuilles. Branches entrelacées, chiffonnées ; l’écorce rude, profondément gercée & épaisse ; l’aubier d’un jaune tirant sur la paille ; le vrai bois d’un beau jaune, dont la couleur devient plus foncée vers le centre : les fleurs sont portées par des pédoncules, elles naissent des aisselles des feuilles ; les feuilles alternativement placées sur les branches, & d’un vert luisant en dessus.

II. Mûrier Noir, ou Mûrier d’Espagne. Morus fructu nigro. Tournefort. Morus nigra. Lin. Il diffère du précédent par ses fleurs mâles portées, pour l’ordinaire, sur un pied, & ses fleurs femelles portées sur des pieds différens. J’ai vu cependant les unes & les autres rassemblées sur le même pied. Ses fruits sont beaucoup plus gros, d’une forme plus alongée que ceux du mûrier blanc ; leurs baies remplies d’un suc de couleur vineuse, vive, foncée, & assez abondant. Ses feuilles sont du double & du triple plus grandes, plus fermes, plus nerveuses, ordinairement sans aucun lobe distinct, & quelquefois avec l’apparence de cinq lobes.

On ne peut plus regarder aujourd’hui le mûrier noir comme dans son premier état de nature, il n’est donc pas surprenant qu’il ne suive plus sa première loi. Dans les provinces du nord du royaume, c’est un arbre de médiocre grosseur, & dont la végétation est très-lente ; dans celles du midi, il acquiert la hauteur des amandiers, c’est-à dire qu’elle est à peu près le double de celle du nord. Sa végétation y est moins rapide que celle du mûrier blanc ; ses bourgeons sont courts & serrés.

Il y a une variété de cet arbre dont les feuilles sont un peu moins larges, & dont les bourgeons (voy. ce mot) acquièrent chaque année plus de longueur ; outre cette variété, on en compte plusieurs autres assez inutiles, & dont il n’est pas nécessaire de parler.