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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/17

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III. Mûrier à papier. Morus papyrifera. Lin. Il est originaire du Japon : arbre moins fort que les deux précédens, à feuilles palmées, à fruits velus, à écorce grise & velue sur les bourgeons. Les chinois & les japonois cultivent cet arbre avec soin, & avant l’hiver ils en coupent les bourgeons de l’année, en enlèvent l’écorce, & après différentes préparations, ils en fabriquent leur papier.

On a acclimaté cet arbre en France, & on l’y multiplie aisément par boutures & par marcottes : il y réussiroit mieux encore si on s’occupoit à le multiplier par semis. Il y a un problème à résoudre : cet arbre qui s’élève peu, ou du moins qu’on n’a pas encore vu fort élevé en France, mérite-t-il d’y être cultivé ou comme simple arbre d’agrément, ou comme objet d’utilité, relativement au parti qu’on peut tirer de son écorce pour la fabrication du papier ? À surface égale de terrain cultivé en mûrier, ou en chanvre, ou en lin, de quel côté doit être l’avantage ? Je pense que ces derniers méritent la préférence, parce que outre l’avantage de donner des chiffons à la papeterie, ils servent jusqu’à cette époque, aux vêtemens de l’homme ; & rien encore n’a pu remplacer le linge. N’envions donc pas aux chinois & aux japonois, ce petit avantage, & ne considérons cet arbre que du côté de l’agrément, pour figurer dans nos bosquets d’été.

IV. Mûrier Rouge ou de Virginie. Morus nigra. Lin. Les chatons des fleurs mâles sont cylindriques, de la longueur de ceux du bouleau, (voyez ce mot) ses feuilles en forme de cœur, par-dessous très-cotonneuses, souvent palmées, & plus souvent encore à trois lobes ; l’écorce en est noirâtre ; il est recherché pour les bosquets d’été à cause de son feuillage.

V. Mûrier des Indes. Morus indica. Lin. Comme la culture de cet arbre exige la serre chaude, je n’en parlerai pas ici ; il suffit de l’indiquer.

VI. Mûrier de Tartarie. Morus tartarica. Lin. S’il est vrai, comme l’ont avancé plusieurs écrivains, que les vers nourris des feuilles de cet arbre, donnent la plus belle soie connue, il mérite sans contredit, que l’on cherche, par tous les moyens possibles, à s’en procurer de la graine, & à en faire des semis dans nos provinces méridionales : c’est le mûrier des environs d’Asoff. Ses feuilles sont ovales, oblongues & également par les deux bouts, & pareillement dentées en manière de scie. Les pétioles & les pédoncules des fleurs sont longs, son fruit ressemble à celui du mûrier noir N° II.

VII. Mûrier des Teinturiers, ou Bois de Campêche. Morus tinctoria. Lin. Il est dommage que ce bel arbre qui s’élève très-haut, & qui est si utile, demande en France le secours de la serre chaude. C’est encore le cas de dire qu’il faudroit en tenter les semis dans nos îles de l’Amérique & dans nos provinces méridionales. J’offre mes soins & mon zèle à ceux qui liront cet Ouvrage, & qui seront dans le cas de me procurer des semences des arbres vraiment utiles, & qui n’exigent pas la serre chaude.