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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/199

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On ne parle pas ici de la rocambole, quoique von-Linné la confonde avec les oignons. Il en sera traité sous son nom.

II. Du Sol propre aux oignons.

On dit communément que l’oignon vient par-tout : cela est vrai en général, mais de la qualité de la terre dépend le plus ou le moins d’acrimonie de la plante. L’expérience prouve encore qu’ils sont plus doux, lorsque l’été est pluvieux, mais qu’ils se conservent moins. Quoique l’on ne connoisse point le vrai pays natal des oignons, je les crois originaires des pays chauds, parce qu’ils y sont plus volumineux, & moins âcres que dans les pays du nord. Ils n’y dégénèrent point, & leurs espèces jardinières, (voyez ce mot) s’y soutiennent & s’y perpétuent.

Les sols où l’argile domine, les gros fonds, les terrains naturellement froids, parce qu’ils sont humides, conviennent peu aux oignons, & augmentent leur acrimonie. Elle diminue beaucoup dans les sols légers & substantiels, & les oignons s’y plaisent. Il en est ainsi de toutes les plantes à racines bulbeuses.

III. De leur culture.

Plusieurs auteurs avancent qu’il est inutile de défoncer profondément le sol où l’on doit planter des oignons, puisque la bulbe s’établit & se forme presque toujours au-dessus, ou au moins à fleur de terre. Si la bulbe suffisoit pour la nourriture de la plante, ce concert seroit avantageux ; mais l’oignon, avant de travailler pour sa bulbe, a dû commencer à travailler pour ses feuilles ; & à cet effet, il a poussé de longues racines blanches & tendres. Les feuilles viennent ensuite au secours des racines, lors de la formation de la bulbe ; & cette bulbe est toujours proportionnée au nombre & au volume des feuilles : c’est un fait dont j’ai souvent répété l’examen. D’ailleurs, après la récolte des oignons, le sol doit être occupé par d’autres plantes, & il faudra moins de peine que s’il n’avoit pas été profondément défoncé avant la plantation des oignons. Je sais qu’on prépare des champs entiers par un ou deux simples coups de charrue, que l’on y récolte ensuite beaucoup d’oignons : mais si le champ avoit été mieux cultivé, les plantes n’auroient-elles pas été plus fortes, les bulbes plus grosses, mieux nourries & moins âcres ?

L’expérience démontre encore que les fumiers que l’on tire des voiries, que les boues des rues des grandes villes, que les fumiers de basse-cour, de chevaux ; en un mot, tous les fumiers chauds augmentent l’acrimonie des oignons, à moins qu’ils ne soient prodigieusement consumés. Dans ce cas, employés modérément, ils sont plus utiles qu’ils n’étoient nuisibles auparavant.

La culture des oignons varie beaucoup selon les différens climats du royaume. Suivant notre coutume, prenons les deux extrêmes pour point de comparaison.

De leur culture dans les provinces du midi.

L’oignon est une récolte considérable pour ces pays, la consommation en est prodigieuse. Deux gros