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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/200

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oignons servent au déjeûner du grand matin, autant à celui de huit à neuf heures : ils servent encore souvent de pitance unique pour le dîner. Le seul journalier aisé mange de la viande à midi, & il est rare que l’oignon ou l’ail ne soit pas encore de la partie : aussi la culture de ce légume est suivie avec soin. Outre la consommation intérieure, il en faut encore de grands amas pour l’exportation, ou pour la provision des navires de tous les pays. Cet objet mérite donc que j’en parle avec une certaine étendue.

Semis. Si on désire diminuer l’acrimonie des oignons, il convient de les semer dans du sable enrichi par de vieux terreau. Les sables des dunes voisines du village de la Tranche dont il a été question au mot ail, prouvent que les semis & les plantes même y réussissent très-bien, & j’ajoute qu’elles ont moins d’âcreté & moins d’odeur.

Après avoir préparé le sol d’une table, on hasarde de semer en janvier : comme les gelées sont peu fortes dans ces provinces, & que leur durée est peu considérable, on jette de la paille longue lorsque le semis est enterré. Dans le cas qu’on craigne le froid, il faut choisir de bons abris, ou doubler l’épaisseur de la paille. Je préfère les semis faits à la fin d’octobre, en novembre, & même au commencement de décembre, parce que la graine est germée & levée avant les froids. Le semis passe très-bien l’hiver en pleine terre, pour peu qu’on ait soin de le garantir de la neige & des gelées, avec le secours de la paille, ou avec des paillassons soutenus en l’air avec des piquets, afin qu’ils ne touchent point les plantes.

La graine est répandue le plus uniformément qu’on le peut, & recouverte de terre fine sur une épaisseur de deux à trois lignes.

En général, on sème trop épais, & je n’aime pas cette manière de semer à la volée. Il en résulte deux inconvéniens : le premier, qu’il est difficile de bien sarcler ; le second, que la pourrette file, s’élance & ne grossit plus en proportion de sa longueur, les pieds s’affament les uns les autres. Il est plus naturel de diviser la planche ou table par raies, de laisser une distance de quatre à six pouces entre chaque raie, & de semer clair dans chaque petit sillon. Il faudra, il est vrai, un peu plus d’espace, un peu plus de couverture au besoin, mais on sera bien dédommagé par la beauté de la pourrette. Lorsque les semis précoces sont peu contrariés par la saison, on est assuré d’une récolte, parce que l’on peut ensuite planter à demeure des pieds déjà forts.

Le commencement de février, si la saison ne s’y oppose pas, est à peu près l’époque générale des grands semis. Si on diffère jusqu’en mars, leur récolte sera plus tardive : ceux-ci servent à manger en vert pendant l’été. On peut encore semer en différens mois de l’année, mais uniquement pour le service des cuisines, & non pas comme un objet de récolte à conserver ; les oignons demandent d’être arrosés souvent, afin qu’ils conservent leur douceur. On sème encore dans le mois d’août, mais non pas en planches, en tables. Il faut nécessairement semer sur ados ou sillon, parce que dans ce mois & les suivans le semis a besoin d’être arrosé souvent, & il seroit impos-