Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant l’hiver, ne produisent aucun effet ; puisqu’ils ont jeté tout leur feu, dans leur fermentation putride, ils ne sont plus susceptibles de se réchauffer, à moins qu’ils ne soient très-secs, ou qu’ils n’ayent été rendus tels antérieurement, soit par une fermentation où l’humidité n’a pas été en proportion des besoins, soit par une trop grande évaporation, en restant exposés à l’air libre ; alors l’humidité peut, je crois, établir une nouvelle fermentation, (voyez ce mot) & par conséquent de la chaleur ; mais il ne s’agit pas ici des exceptions, il s’agit du fumier bien fait & qui a conservé l’humidité qui lui convient. On auroit tort de conclure de ceci que cet engrais supposé parfait, rassemblé en masse contre le pied de l’arbre, n’est pas dangereux, puisque si la chaleur étoit assez forte, il pourroit arriver qu’il réagît sur lui-même, de même que cette chaleur agit dans cette saison sur les amandiers, pêchers, &c. Dans aucun cas & dans quelque état que soit le fumier, on ne doit pas le laisser amoncelé au pied de l’arbre ; il demande à être étendu & enfoui sur le champ.

Si les engrais ne sont pas consommés, l’effet des gelées sera plus sensible pour peu qu’ils ne soient pas réduits à la plus grande division.

Les fumiers répandus à la fin de l’hiver, en mars & sur-tout en avril, ne produisent pas tout l’effet qu’on est en droit d’en attendre, à moins que des pluies un peu fortes ne surviennent. Il arrive souvent que depuis le mois d’avril jusqu’à l’automne, il ne tombe pas une seule goutte d’eau, ou que si par hasard il pleut, c’est par un orage passager dont la pluie court plutôt sur le sol qu’elle ne l’imbibe. Dans cet état, il n’est guères possible que les principes de l’engrais se combinent avec ceux du sol, & la grande chaleur en a fait, en pure perte, évaporer une grande partie : la fin de février seroit l’époque la plus avantageuse de cette saison, parce qu’on a encore la ressource des pluies du mois de mars.

Ce que je viens de dire éprouvera beaucoup de contradictions ; chaque canton, & même chaque village, suit une routine dont il ne s’écarte pas ; mais je prie les cultivateurs qui ne se laissent pas subjuguer par la coutume, de répéter l’expérience aux trois époques, de tenir compte de la manière d’être des saisons, & sur-tout de bien observer l’état dans lequel se trouvera l’engrais qu’ils auront employé.

Toute espèce de fumier convient à l’olivier, pourvu qu’il soit bien consommé : l’expérience a prouvé que celui de mouton & de chèvre étoit le plus actif des engrais animaux ; celui des chevaux, des mulets, des ânes vient après ; le fumier de bœuf & de vache est le moins bon. Le transport des nouvelles terres, des décombres sont utiles ; si le bois étoit moins rare dans les provinces méridionales, on sacrifieroit sans peine les tourteaux ou marc des olives après qu’elles ont été pressées ; cet engrais est très-bon, parce qu’il contient beaucoup de parties huileuses. Si on ne l’emploie ni comme engrais, ni pour le chauffage, il fournit du moins une très-bonne nourriture d’hiver aux oiseaux de basse-cour. On laisse perdre inutilement les eaux qui sortent des moulins à huile, & qui ont servi à échauder la pâte ; ces eaux ras-