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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/283

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sionnent, soient dans aucun cas considérable, je n’ai pas trouvé leur larve.

Des Kermès.

» J’ai observé sur toute la côte, depuis Marseille jusqu’à Antibes, des kermès sur les oliviers. Dans quelques contrées, cet insecte étoit tellement multiplié que beaucoup de particuliers avoient été dans le cas de couper les plus grosses branches de leurs oliviers, et avoient entièrement renouvelé leurs arbres.

» Cette espèce de kermès est différente de celles qui vivent sur le figuier, le mûrier, l’oranger, etc. J’ai trouvé sous quelques-uns de ces insectes, jusqu’à deux mille œufs : voici en peu de mots leur histoire. En naissant, ils se répandent sur la partie inférieure des feuilles et sur les pousses les plus tendres. Ils sont d’abord d’un rouge fort lavé, ils deviennent ensuite plus grisâtres, et ils conservent pendant assez de temps cette couleur. Lorsqu’ils ont quatre ou cinq mois, ils abandonnent les feuilles, ils s’attachent aux branches, et ils ne changent plus guères alors de position. Ils sont plus longs que larges, et une de leurs extrémités est aiguë, tandis que l’autre est arrondie. À mesure qu’ils grossissent, leur eau se colore davantage en rouge, et lorsqu’ils ont acquis toute leur grosseur, ils sont d’un rouge-brun foncé ; leur robe est comme relevée de nervures ; ils ne sont jamais plus renflés, que lorsqu’ils sont parvenus à leur dernier état, et qu’ils produisent leurs œufs.[1]

» Les kermès qui naissent sur les arbres qui se dépouillent de leurs feuilles, ont une vie relative à l’état de ces arbres ; mais l’olivier étant, pour ainsi dire, toujours en sève, le kermès qui lui est particulier, s’y peut renouveler dans toutes les saisons. On en trouve avec des œufs pendant tout l’été ; et la grosseur des petits qui sont sous les feuilles est singulièrement variée.

» J’ai vu quelquefois des kermès de l’oranger sur l’olivier ; mais cela n’arrivoit qu’au voisinage des jardins où l’on cultivoit le premier de ces arbres. Le kermès de l’olivier vit très-bien sur le myrte. J’ai vu des arbustes qui en étoient tellement couverts, que je ne saurois trop décider quel est celui de ces deux arbres qui a été principalement destiné à cet insecte par la nature.

» Le peuple donne le nom de poux au kermès, et il croit que les fourmis les produisent (Voyez ce mot et ce qu’il faut penser de cette supposition) Cet insecte ne se nourrit pas d’olives, et je n’en ai jamais vu sur ces fruits. La manière dont il nuit à l’olivier ne consiste pas dans la sève qu’il aspire pour sa nourriture, mais dans l’extravasion extrême de cette même sève.

» On observe, le matin pendant l’été, que les oliviers infectés de kermès sont couverts de gouttes d’eau, et que

  1. Note de l’Éditeur. La partie du Languedoc que j’habite encore est assez heureuse pour ne pas connoître cet insecte établi sur les oliviers, du moins je ne l’y ai jamais apperçu ; il est assez commun sur les orangers, moins sur les mûriers, et je pense d’après la description de M. Bernard, que l’insecte en question appartient à la famille des galles-insectes. (Voyez ce mot)