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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/309

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ressentent moins des effets de la transplantation. C’est d’après des expériences de comparaison que j’avance cette assertion.

À la fin de la première année, & lorsque l’on sort les caisses ou pots de l’orangerie, on gratte la superficie de la terre qu’ils contiennent, on la fait tomber afin de la remplacer par une terre nouvelle & bien préparée. Le tassement de la première est ordinairement de quatre pouces sur une caisse d’un pied de profondeur, & la nouvelle terre qu’on ajoute chausse les pieds, & les enterre d’autant. On doit, pendant cette seconde année, changer le crottin frais de la superficie aussi souvent que dans la précédente. En suivant cette méthode, on est assuré d’avoir dès-lors des sujets très-forts, très-bien enracinés, & qui ne souffriront point de la transplantation. À la troisième année, & lorsqu’on sort l’arbre de l’orangerie, c’est le cas alors de placer séparément chaque pied dans de grands pots.

Si on considère la multiplicité & la longueur des racines chevelues que poussent l’oranger & le citronnier, on jugera combien le sujet souffre dans de petits pots, & combien sa tige gagne en grosseur & en hauteur, lorsque les racines peuvent s’étendre sans gêne, & trouvent en abondance la nourriture qui leur convient. J’insiste sur ce moyen, parce qu’on gagne du temps & des sujets vigoureux & plus promptement disposés à recevoir la greffe.

II. des boutures. On choisit une branche jeune, saine, droite, de la longueur d’un pied environ, que l’on enfonce à trois ou quatre pouces dans une terre préparée, ainsi qu’il a été dit. On tient le pot ou la caisse à l’ombre & dans un lieu chaud, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que la bouture ait poussé des racines ; alors on la retire de ce lieu, & on l’expose peu à peu à l’ardeur du soleil. Cette méthode n’exige que des sarclages & des arrosemens au besoin.

III. Des marcottes & des provins. Lorsque la tête d’un oranger ou d’un citronnier est élevée, il n’est pas aisé de les marcotter ; il faut avoir recours à l’art. On choisit sur cette tête une jeune branche, & à l’endroit où il convient de la marcotter, on fait une ligature avec une ficelle qui presse & serre un peu l’écorce. Cette ligature donne naissance à un bourrelet (voy. ce mot) parce que la sève descendante, ne pouvant plus se porter avec la même facilité de la tête aux racines, s’engorge en cette partie, oblige l’écorce à se mamelonner, & de ces mamelons naissent des racines. La ligature faite, on prend un pot partagé en deux parties sur sa hauteur, & percé d’un trou dans le bas par lequel on fait passer la branche. Les deux parties du pot étant rapprochées, l’une contre l’autre, on les tient resserrées par un lien de fil de fer, soit en haut soit en bas ; enfin on remplit ce pot de terre. Afin de maintenir & supporter ce poids ajouté à la branche, pour qu’elle ne soit pas exposée à être cassée, on assujettit le pot contre deux piquets fortement fixés en terre, & avec ce secours la branche n’est tourmentée ni par le poids ni par les coups de vent. La terre du pot est arrosée au besoin. Lorsque la branche est enracinée, on la coupe au dessous du pot, on la dépote, & on