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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/310

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lui donne une caisse ou un autre pot convenable à son volume. Si on ne se sert pas de ligature on coupe un peu l’écorce dans quelques points de la circonférence, & il se forme des bourrelets à la base de chaque partie coupée. Cette méthode est minutieuse, casuelle, & ne mérite d’être employée que lorsque l’on veut se procurer des espèces rares. Le provin est plus sûr, & l’on travaille sur un plus grand nombre de sujets à la fois, si la greffe a été placée près des racines.

On coupe le tronc de l’arbre à cinq ou six pouces au dessus de la greffe, & on lui laisse tous les nouveaux jets qu’il pousse. Lorsqu’après la première, ou encore mieux après la seconde année, les jets ont de la consistance, on forme tout autour un encaissement dont la hauteur excède de cinq à six pouces la partie supérieure du tronc qu’on a laissé ; on le remplit de terre à mesure que l’on couche les branches, & on provigne le tout (voyez ce mot) : enfin on remplit de terre tout rencaissement. La petite ligature dont on a parlé, facilite la sortie des racines.

S’il ne s’agit que de se procurer des sujets non greffés, on coupe le tronc presque à fleur de terre, & il sort du collet des racines une multitude de jets.

Des quatre manières de multiplier les orangers & les citronniers, celle du semis est à préférer ; on a tout à la fois un grand nombre de sujets, & il en est de ces arbres comme des forestiers : ceux venus de brins sont toujours les plus beaux, les plus forts & les plus vigoureux.

De quelque manière qu’on se soit procuré des sujets, si on veut avoir des pieds élevés, on ne doit pas se hâter de supprimer les branches inférieures. C’est par leur secours que le tronc prend de la consistance & une belle grosseur. À force d’élaguer, le tronc s’énerve & file ; il ne se trouve plus proportionné avec la tête, & il ne fera jamais qu’un arbre de médiocre valeur.

On s’amuse peu dans les provinces du nord à multiplier les orangers, parce que leur végétation est très-lente : il vaut beaucoup mieux tirer de Provence ou d’Italie les arbres tout formés, quoique leur reprise soit casuelle, longue & quelquefois difficile. Dans celles du midi au contraire, un semis bien conduit donne, à la quatrième année ou à la cinquième au plus tard, un beau sujet propre à être greffé, si on se contente d’un pied de médiocre hauteur, & à la sixième, un pied propre à garnir les plus grandes caisses.

Les graines de citron poussent plus rapidement que celles de l’orange, & les pieds que fourniffent les premières, sont plutôt formés pour la grosseur & pour la hauteur, & par conséquent plutôt susceptibles de recevoir la greffe.


CHAPITRE III.

De la greffe.


On peut placer la greffe à trois endroits différens : ou à quelques pouces au dessus du collet des racines, ou à deux ou trois pieds, ou enfin à cinq ou six pieds au dessus, lorsque l’on se propose d’avoir de grands arbres pour l’orangerie. Il est cependant aisé, en plaçant la greffe au dessus des racines, de conserver son