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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/312

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achette ou on fait venir d’Italie ou de Provence des arbres tout formés, & dont la hauteur & la grosseur du tronc est conforme à la demande qu’on en a faite. Si à l’arrivée de ces arbres les feuilles sont molles, flasques, si elles se plient sans se casser, c’est une preuve que les arbres ont souffert en route. Le seul expédient pour ranimer leur fraîcheur, est de les déballer, d’enlever la mousse qui recouvre les racines, de les plonger ensuite, pendant quelques heures, dans une eau dont la chaleur soit de douze à vingt degrés, suivant le thermomètre de Réaumur : on les plante, après cela, dans de grands pots de terre vernissés ; ou dans des caisses (voyez ce mot, afin de ne pas répéter ici ce qui a été dit sur les moyens de les conserver pendant long-temps.) Les caisses sont préférables aux pots, parce qu’à hauteur & à diamètre égaux, elles contiennent beaucoup plus d’espace & par conséquent plus de terre ; d’ailleurs elles sont moins sujettes à être renversées par un coup de vent.

Lorsque l’on donne aux Génois ou aux Provençaux la commission d’envoyer des arbres, on doit stipuler qu’on ne paiera que les pieds auxquels on aura laissé toutes les racines garnies de tous leurs chevelus. Ces racines doivent être, après les avoir séparées de la terre qui les environnoit, mollement rangées entre des lits de mousse fraîche, & encaissées avec soin. Lorsqu’on les sort de la caisse, on retranche les racines chancies, cassées ou gâtées & rien de plus, quoi qu’en disent les jardiniers dont la fureur est de châtrer, d’écourter les racines, ce qu’ils appellent rafraîchir. Je n’ai cessé de m’élever contre ces abus toutes les fois que l’occasion s’en est présentée, & je reviendrai si souvent là dessus, que peut-être viendrai-je à bout de persuader les incrédules. La multiplicité des racines & de leurs chevelus accélère & garantit leur reprise ; la méthode de planter de tels arbres en motte est très-casuelle. En suivant la première méthode, il est inutile d’étêter les arbres ; elle est indispensable si on suit la seconde, parce que le peu de séve pompée par des racines écourtées, n’est pas capable de nourrir les branches que l’on laisse.

§. II. De la préparation de la terre pour les caisses. Chaque amateur a sa méthode plus ou moins compliquée, & chacun est persuadé qu’il suit la meilleure. Tous les extrêmes sont préjudiciables.

Quelques personnes n’emploient que le terreau des vieilles couches uni par moitié avec la terre ordinaire. Le terreau rend l’autre terre trop perméable à l’eau qui, en s’écoulant avec facilité, entraîne les matériaux de la séve ; la seule terre végétale & soluble dans l’eau (voyez le mot amendement) & la terre matrice s’appauvrissent à chaque arrosement : d’ailleurs, comme cette masse, comme ces molécules sont peu liées entre elles, l’évaporation est plus forte, & elle exige de plus fréquentes irrigations. Alors les feuilles jaunissent, parce que la séve est trop aqueuse & trop peu nourrissante.

Par un système tout opposé, d’autres n’emploient que de l’argile, ou quelque autre terre qui approche de la ténacité & de la compacité de ses molécules. Cette terre, il est vrai, n’a