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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/324

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pomper au loin l’humidité : malgré cela des irrigations copieuses & faites à propos leur sont d’une grande utilité. J’ai vu des baies de citronniers semblables à celles qui ferment les héritages, qui quoique non arrosées étoient cependant chargées de fruits. Il faut, il est vrai, convenir que le suc de leurs fruits citrons étoit trop acide, parce que les arbres avoient manqué d’eau.

L’oranger livré à lui-même n’exige pas d’autres soins que nos arbres fruitiers à plein vent ; il suit, comme eux, les loix de la nature, & n’a presque aucun besoin de la main de l’homme. Retrancher la sommité des bourgeons qui périt quelquefois, supprimer les branches mortes lorsqu’il s’en trouve, élaguer de temps à autre, les branches chiffonnes ou de l’intérieur, voilà tout ce que cet arbre demande.


CHAPITRE VI

Des fleurs & des fruits de l’oranger.


J’emprunte encore de l’Ouvrage cité plus haut cet article si conforme au climat de Paris & des provinces voisines, mais qui ne l’est point à celui des pays méridionaux où l’arbre n’est pas contrarié dans sa végétation. Cependant on feroit bien d’y approprier quelques pratiques indiquées par l’auteur. Nous empruntons ses propres paroles : « On distingue trois sortes de branches sur l’oranger, celles à bois, celles à fruit, & celles a bois & à fruit tout ensemble ; les unes de vieux bois, & les autres de la pousse de l’année précédente. C’est vers le 11 de Juin (climat de Paris) que les fleurs des orangers commencent reparoître, puis elles croissent de jour en jour ; quelques-uns donnent des fleurs dans la serre même, & d’autres les y font éclore. Ces fleurs précoces, ordinairement petites & fort maigres, tombent sans parvenir à leur grosseur ; elles indiquent dans les sujets un dérangement mécanique, d’où je conclus qu’ils doivent être médicamentés, taillés souvent, & déchargés de fleurs ».

» Les premières qui croissent dans l’ordre de la nature, sont celles qui prennent naissance sur le vieux bois ; on les connoît aisément : au lieu de pousser une à une, ou deux à deux ensemble, elles sont groupées & entassées ; elles s’entrepoussent, & tombent fréquemment ; leur multiplicité les empêche de grossir, & elles nouent rarement. Ceux qui, autour de Paris, font un commerce de fleurs pour les bouquets, tirent de celles-ci un grand profit ; mais les curieux orangistes les jettent bas, & prétendent qu’elles épuisent les arbres. Quant aux fleurs des branches de la pousse dernière, elles sont grosses, longues, bien nourries, & plus communément placées aux extrémités que dans le bas : c’est une des raisons qui empêche beaucoup de gens de tailler les orangers au printemps après leur sortie de la serre. »

» Il n’y a point de règles certaines pour la quantité plus ou moins grande de fleurs à laisser sur les orangers. Tout arbre fort qui n’aura pas été épuisé par la soustraction annuelle de son bois, ne peut pas trop porter de fleurs ; mais à celui qui est fatigué, il ne faut point en laisser. On demande en quelle quantité elles doivent rester sur les arbres pour