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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/330

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jeunes branches. Le terme à peu près de ces gelées est de quatre à sept jours. Si on est assez heureux pour ne pas les endurer, on ne doit pas se presser de rentrer les orangers, parce qu’ils pourront sans risque rester un mois entier exposés à l’air où ils seront mieux que dans l’orangerie, sur-tout si la température de l’atmosphère se soutient de six à huit & à dix degrés de chaleur au thermomètre de Réaumur. Dans la partie des provinces du midi, qui n’est pas assez chaude pour la culture des orangers en pleine terre, il arrive souvent qu’on peut les laisser dehors jusqu’au mois de janvier. Alors les arbres souffrent peu pendant les trois mois qu’ils ont à rester dans l’orangerie.

Plus on approche du nord & plus leur rentrée doit être accélérée, autant pour les garantir du froid que des pluies continuelles : car il est important de ne leur donner l’orangerie que lorsqu’il fait beau. Si leurs feuilles, leurs branches, leur terre même sont mouillées, la chancissure est à craindre, principalement si le froid oblige, aussitôt après, de tenir les portes & les fenêtres fermées. Dans ce cas, il n’existe plus de courant d’air capable d’enlever & de dissiper une humidité superflue & nuisible. On doit conclure de ces principes, que c’est la saison plutôt qu’aucune époque fixe qui prescrit le véritable moment de fermer les orangers.

Lorsque l’on place les arbres dans l’orangerie, il est essentiel qu’il règne un intervalle d’une tête à une autre, afin d’établir un courant d’air tout autour, & afin que le jardinier puisse, monté sur son échelle, tourner & nettoyer ces têtes pendant le séjour des arbres dans orangerie.

Les arrosemens doivent être légers, parce qu’alors il y a peu d’évaporation de l’humidité & peu de déperdition de séve. Si le jardinier aime ses arbres, il profitera du long repos de l’hiver, & du temps qu’il ne gèle pas, pour débarrasser les orangers des galle-insectes qui sont engourdis, des œufs de puceron, enfin des autres immondices qui salissent les branches ou les feuilles de ces arbres.

À l’approche du froid, il fermera les portes & les fenêtres, calfeutrera, avec de la filasse, leurs fentes, de manière qu’il ne n’introduise aucun vent coulis très-dangereux à l’arbre contre lequel se porte sa direction ; enfin il préparera les poêles, examinant si leurs tuyaux sont en bon état & s’ils ne donneront point de fumée.

Il ne s’agit pas d’exciter une forte chaleur dans l’orangerie, mais d’y maintenir une température de huit à dix degrés ; un thermomètre placé pour l’indiquer, servira de règle au jardinier. Pendant les gelées, lorsque le froid est long & rigoureux, l’air ne peut pas être renouvelé dans l’orangerie ; il se vicie, il se dessèche par l’action du feu : on y remédiera en plaçant sur les poêles des terrines remplies d’eau, & en proportion des besoins ; l’eau qui s’évapore rend à l’atmosphère de l’orangerie une humidité, qui est pompée par les feuilles, qui les nourrit, & qui perpétue leur fraîcheur. J’ai vu conserver, par ce moyen, les feuilles des citronniers qui tombent quelquefois très-facilement.

Des auteurs conseillent de suppléer les poêles par des lampes al-