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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/329

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trouvât d’autres qui pussent les remplacer ; je réponds, d’après mon expérience, de l’efficacité de ce moyen ; l’opération est longue à la vérité, puisqu’il faut passer au vinaigre les feuilles & les branches les unes après les autres. Si on en connoît un plus prompt & plus efficace, je prie de me le communiquer. La galle-insecte est en général plus connue sous la dénomination impropre de punaise. Quand l’arbre sera entièrement débarrassé des galle-insectes & de leurs œufs, on est assuré que les fourmis n’accourront plus pour butiner, (voy. ce mot) ; ce n’est pas l’opinion de plusieurs auteurs, mais S’ils prenoient la peine de bien examiner, ils verroient que les fourmis n’accourent que lorsqu’il y a extravasation de séve. Cependant les galle-insectes ne sont pas la cause unique de cette extravasation ; souvent des pucerons s’attachent au sommet des bourgeons, les piquent afin d’en tirer leur nourriture ; alors les fourmis accourent & profitent des restes de l’extravasation. Plusieurs rangs d’épis de blé barbus, la pointe des barbes en bas & attachée tout autour du tronc de l’arbre, empêchent la fourmi de parvenir à son sommet. Alors le mal est moins considérable, mais il l’est toujours assez. Ceindre le pied des caisses avec des terrines que l’on tient continuellement pleines d’eau, est encore un moyen excellent contre les fourmis, non seulement pour garantir la tête de l’arbre de leurs excursions, mais encore pour les empêcher d’établir leur domicile dans la terre même de la caisse. À force d’aller, de venir, de fouiller, de creuser des galeries, elles mettent des racines à découvert, facilitent des issues trop libres à l’eau des arrosemens ; en un mot, l’arbre périt, si on ne détruit cette cause du mal. Le premier expédient est de changer la caisse de place, & de la laisser ainsi pendant plusieurs jours ; d’enlever autant de terre que l’on pourra de la caisse, de lui donner une nouvelle terre, de répéter cette opération pendant plusieurs jours de suite. À la fin, les fourmis se sentant sans cesse tracassées, prennent leur parti & abandonnent une retraite où elles ne sont plus en sûreté. Pendant cet intervalle on met du fumier frais sur la place que la caisse avoit occupé, ou on fouille la terre à un pied de profondeur ; la fouille est renouvelée chaque jour, & est chaque jour fortement arrosée ; alors la fourmi ne trouvant plus une libre issue à travers cette terre pâteuse, en établit ailleurs de nouvelles. Si la caisse est portée par une dale ou large pierre quarrée, il faut lever cette pierre, & on trouvera par dessous les principales entrées des galeries de fourmis, & même le dépôt de leurs œufs.


CHAPITRE VIII.

Du temps auquel on doit enfermer les orangers, & de leur conduite dans la serre.


Dans les provinces un peu montagneuses, & même dans les plaines qui sont à quelques lieues de là, & qui sont abritées par des chaînes de montagnes éloignées, on est souvent forcé de fermer les orangers plutôt qu’on ne le voudroit, pour éviter les petites gelées trop fréquentes à la fin du mois d’octobre, ou au commencement de novembre. Ces gelées sont quelquefois assez fortes pour endommager la partie encore trop tendre des