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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/341

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environnée d’un courant d’air qui circule ; & quoique le bas de la tige commence à être mûr, ses couloirs ne sont pas assez oblitérés, assez desséchés pour qu’il ne passe plus de séve. J’oserois dire au contraire, que le peu qui monte est mieux élaboré & perfectionne le grain. Malgré cela, adoptons pour un moment les principes de l’auteur. De deux choses l’une, ou l’orge coupée doit rester étendue sur le champ, jusqu’à ce que son humidité superflue soit dissipée, ou bien elle doit être montée en gerbier un ou deux jours après avoir été coupée.

Dans le premier cas, il faut qu’on soit bien assuré de la saison pour donner le temps à l’orge de sécher ; & suivant le climat, huit à dix jours sont à peine suffisans : dans le second, qui pourra répondre que l’orge ne s’échauffera pas dans le gerbier ? De toutes les plantes graminées que l’on cultive, aucune n’est plus susceptible de fermentation que l’orge, lorsqu’elle n’est pas amoncelée dans un état convenable de siccité. Cette fermentation, cet échauffement sont encore singulièrement augmentés, si, comme il arrive très-souvent, faute d’avoir été chaulés avant d’être semés, les grains sont attaqués par la fausse teigne qui attaque les blés. Consultez Tom. V. page 162, & la gravure qui représente cet insecte destructeur. La diversité des climats, la végétation différente de la plante s’opposeroient-ils à cette fermentation ? Je ne le crois pas, puisque l’expérience de tous les lieux & de tous les pays prouve que la balle de l’orge est de toutes les enveloppes des grains celle qui est susceptible de la plus grande fermentation & de la plus grande chaleur dès qu’elle est un peu humide.

J’ai insisté sur cet objet, parce que les habitans de plusieurs cantons sont imbus d’un préjugé funeste, & qui est encore perpétué par les écrits de plusieurs auteurs. Je leur dirois : ne vous en rapportez ni aux préjugés ni aux écrits, mais consultez l’expérience, & jugez par comparaison. On doit couper l’orge quand elle est bien mûre, laisser les épis étendus sur le sol & exposés à l’ardeur du soleil, au moins pendant la journée entière, ensuite les lier en javelles, les retourner plusieurs fois jusqu’à ce qu’ils soient bien secs, & ne les amonceler jamais en gerbier tant qu’ils concentreront encore une certaine humidité. Le grain se perfectionne dans le gerbier, même pendant six mois & une année entière, si toutefois il n’y a pas une humidité capable d’établir la fermentation d’où suit l’échauffement.


CHAPITRE III.

Des propriétés de l’orge.


Propriétés économiques. L’orge coupée en vert & donnée largement aux chevaux, mules, bœufs & autres animaux de labour, devient pour eux en ce moment une nourriture très-saine, & vaut mieux que tous les remèdes imaginables. L’orge leur tient constamment le ventre libre, les purge, les rafraîchit & les met en état de supporter les chaleurs de l’été ; mais si l’orge est déjà épiée, si elle est prête à fleurir, elle occasionnera à coup sûr la fourbure aux chevaux &