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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/355

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vateur instruit s’en occupe. Cependant les fossés, leurs bords, les amas de cailloux dont on débarrasse les champs, les vignes, peuvent, sans conséquence, être sacrifiés à la culture de l’ortie ; mais y employer un bon fond, c’est mal entendre ses intérêts. Il est des cas cependant qui permettent cette culture, c’est lorsque l’on a des terrains arides, comme les craies de Champagne, de Picardie, les sols très-sablonneux & un peu humides, les landes, les balmes à pentes rapides, etc. Il est constant que dans ces terrains on n’aura pas de belles récoltes ; mais on aura au moins, si l’année est pluvieuse, des tiges propres à donner du fil, une nourriture pour le bétail, & un commencement de formation d’humus ou terre végétale, (voyez le mot Amendement) par la décomposition annuelle de ces plantes.

Une fois que la grande ortie s’est emparée des amas de cailloux, elle y réussit fort bien, parce que la fraîcheur se conserve sous les pierres, & les racines rencontrent un grand nombre de cavités où elles trouvent à s’étendre. Les fossés qui bordent les chemins, qui terminent les possessions, séparent les héritages, etc. peuvent être utilement consacrés à la grande ortie, sur-tout si le sol est bon : ou ne doit donc raisonnablement regarder cette culture que comme un simple accessoire & surnuméraire, afin que dans une-métairie bien réglée il n’ait pas un pouce de terrain perdu. Cependant il est des cas où elle sera d’un vrai secours.

Si, malgré ce que je viens de dire, des cultivateurs veulent mettre l’ortie en culture réglée, après avoir bien labouré le sol, on sèmera la graine aussitôt après l’hiver, & on hersera le champ de manière à ne plus laisser la trace des sillons. La plante est vivace ; ainsi elle sera conservée dans le champ autant d’années qu’elle produira des récoltes. Les troupeaux y trouveront une nourriture pendant les saisons mortes, & le champ sera fumé d’autant. Le climat décide de l’époque à laquelle on doit couper les tiges, lorsqu’elles prennent une couleur jaunâtre, lorsque les feuilles se fanent ; maison ne doit pas attendre une dessiccation complète, parce que la filasse auroit, dans la suite, trop de peine à se détacher de la chenevotte. La meilleure manière de couper l’ortie est avec la faulx de Flandres, armée de dents, (voyez le mot Outil d’agriculture) parce que les tiges se trouvent rangées d’elles-mêmes par ondées.

Lorsque la feuille se détache par la dessiccation, on doit botteler les tiges comme celles du chanvre, les porter au routoir. Je n’entrerai ici dans aucun détail sur cette dernière opération ; consultez le mot Rouir : je donnerai dans cet article, une théorie toute nouvelle sur le rouissage, & bien différente de celle qui a été désignée au mot chanvre.

On a reconnu que l’Ortie plantée de racines subsistoit bien plus long-temps que celle venue de graine, & que les tiges en étaient plus hautes & plus grosses. Il est aisé de se convaincre, par l’expérience, de la supériorité d’une méthode sur l’autre. Il ne m’est pas permis de prononcer, parce que dans ce moment je ne suis que simple historien, & je ne me suis pas d’ailleurs occupé de cette culture. Le bureau de la Société royale d’A-