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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/392

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pratique, une utilité réelle, soit pour le consommateur, soit pour le marchand, puisqu’on n’a jamais vu revenir sur leurs pas ceux que l’expérience a éclairés relativement à l’économie & à la commodité d’une pareille méthode.

Pour fixer l’opinion sur les avantages du commerce des farines, préférable à celui des grains en nature, on va offrir le tableau des produits en argent que rapporte un setier de blé converti en farine par la mouture économique.


Apperçu en argent d’un setier de blé, mesure de Paris, du poids de 240 liv. net, au prix de 21 liv., réduit en farine par la mouture économique.


Produit en farine blanche
l. s. d.
Les 160 livres composant un demi-sac du poids de 320 liv. net à 21 liv. le demi-sac ; ou a 2. s. 7 d. 1/2 la livre, 21
Produit en farine bise.
Les 12 livres de farine troisième, à 30 liv. le sac du même poids, ou 1 s. 10 d. 1/2 la livre. 1 2 6
Farine quatrième à 25 liv. le sac du même poids, ou 1 s. 6 d. 3/4 livre, 12 6
22 15
Produit en issues.
Les 13 livres de remoulage faisant un boisseau, à 10 sols, 10
Les 15 livres de recoupes faisant deux boisseaux, à 7 sols, 14 2 11
Les 26 livres de gros son, faisant quatre boisseaux & demi, à 6 sols, 1  7
25 6
Dépenses.
Prix d’achat du setier, 21 23
Mouture & voiture, 2
Bénéfice sur la vente de la farine, 2 l. 6 s.

On voit donc que le setier de blé, converti en farine par la mouture économique, produit un bénéfice réel de 2 liv. 6 sols par setier, ce qui fait un dixième en sus du prix d’achat : il ne s’agit que de comparer ces produits & ces bénéfices, & de les appliquer à la mesure de chaque canton : il seroit possible, peut-être, que différentes circonstances augmentassent ce bénéfice, mais il faut aussi faire entrer en compensation le loyer des magasins, l’entretien des sacs, l’attente de la vente, les avaries du transport, & les déchets inévitables qui résultent de la garde des issues.

Mais ces déchets se réduiront à bien peu de chose, si on conserve les sons en sacs isolés, à l’instar des blés & des farines : c’est ce qui vient d’être constaté dans les magasins de grands établissemens où les issues répandues sur le plancher du grenier, occasionnoient autrefois des pertes considérables sur les mesures & sur l’argent.

Il suit de tout ce qui a été dit, que pour donner au blé tous les avantages qu’il est possible qu’il réunisse, considéré relativement à la qualité ou à la valeur en argent, il faut substituer la mouture économique à l’ancienne, & le commerce des farines à celui du blé : par ce moyen, tous les ordres de citoyens gagneront à l’échange du blé contre la farine, en s’évitant des embarras, des soins & des dépenses. Les boulangers s’épargneront les mêmes embarras, en se procurant des farines beaucoup plus belles & constamment égales ; les commerçans ajouteront à un gain plus considérable, les avantages de former de grands