Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capables d’en borner les mouvemens selon le besoin & l’exigence des cas. On fera les bandages avec adresse & légèreté pour n’occasionner de la douleur que le moins qu’il est possible, & pour ne pas dégrader des portions tendres & végétantes qui succèdent, dans une plaie ou un ulcère, aux portions qui ont été détruites.

On ne peut fixer, d’une manière précise, les justes limites des intervalles à mettre entre les pansemens, & on ne peut s’en tenir ici qu’à des règles purement générales : c’est aux maréchaux instruits à prévoir toutes les exceptions.

Tout pansement dont l’objet principal est de contenir les parties, ne doit pas être fréquent : les fractures, les luxations n’exigent ensuite de la réduction, que d’être maintenues, & en les supposant compliquées, nul ne peut se déterminer sur les soins plus ou moins multipliés qu’elles demandent, qu’en comparant & en balançant le danger imminent, le dérangement des os, & le péril qui pourroit résulter de la complication. Dans l’exomphale, (voyez ce mot) il ne s’agit aussi que de contenir l’intestin, de même que dans l’hémorragie (voyez ce mot.) où il est urgent de s’opposer à effusion du sang, soit par la voie de la ligature, soit par l’effet des styptiques suffisans ordinairement dans l’ouverture des petits vaisseaux, soit enfin par le moyen de la compression : ce ne seroit pas, dans ce cas, remplir l’indication, que de réitérer souvent les pansemens. On en doit dire de même, 1°. dans le cas de plaies récentes, la levée continuelle de l’appareil détruiroit inévitablement les liaisons heureusement renouvelées entre les parties, elle donneroit mal à propos & fréquemment accès à l’air & produiroit une infinité de désordres ; 2°. dans celui où succède à une première suppuration d’une plaie compliquée, le suc homogène qui doit procurer la régénération & la réunion des parties, cimenter leur consolidation & s’assimiler avec elles, pourvu néanmoins que le suc ne fùt pas surabondant, & que son croupissement dans le sein ou le foyer de la plaie, ne fît appréhender sa dégénération ; 3°. dans le cas de l’emploi des topiques dont l’action & l’efficacité ne se manifestent qu’après avoir été fixés & appliqués un certain espace de temps ; 4°. lorsque les efforts de la nature n’accélèrent qu’avec peine la guérison, & qu’ils demandent à être secondés par la suppuration même, dans la résolution des tumeurs osseuses ; dans le cas des tumeurs dues à la lenteur & à la viscosité des liqueurs, rebelles, par leur dureté, inaccessibles, par leur profondeur ; quand il y a indolence & foiblesse des canaux engorgés, & dans les cas d’expulsion de toutes matières nuisibles, &c. Les pansemens seront fréquens au contraire, 1°. lors de la suppuration première d’une plaie ; la matière pouvant alors s’aigrir, en irriter de plus en plus le fond, devenir caustique, creuser des fusées, des clapiers, & refluer dans la masse du sang, des humeurs, &c. 2° quand les symptômes de la maladie augmentent en violence, & ses progrès en rapidité, soit pour examiner l’état du mal, soit pour décider, d’après les changemens que l’on apperçoit, de ceux qui pourroient être nécessaires dans le mo-