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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/467

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humectée, un berger y conduit son-troupeau, le piétinement la pétrit, & la resserre au point qu’après quelques jours de beau soleil elle se trouve plus dure & plus compacte qu’elle ne l’étoit auparavant. Combien de fois n’a-t-on pas vu le berger, par malice ou par vengeance, faire dans ces circonstances passer & repasser cent fois son troupeau sur le même champ, où il est bien sûr qu’il n’y aura pas un brin d’herbe à faire brouter. Cependant la loi est muette pour punir, & le propriétaire s’exhale en plaintes que l’air emporte.

Si on racontoit à des propriétaires qui ignorent cette coutume, qu’elle existe dans un pays éloigné, ils traiteroient de barbares, de sauvages, d’esclaves, de serfs, ses malheureux habitans. Qu’ils plaignent donc leurs frères, les François leurs voisins ; & s’ils ne peuvent soulager leurs maux, qu’ils tâchent au moins, par leur crédit, d’en faire tarir la source. C’est le service le plus important qu’ils puissent rendre à l’agriculture. Elle ne sera jamais brillante, malgré les efforts du gouvernement, tant que cette coutume barbare, injuste & tyrannique ne sera pas légalement anéantie.

Ses partisans répondent froidement : faites clore vos possessions. N’est-on pas en droit de leur dire : pourquoi venez-vous les attaquer ? Quoi, un champ dont la valeur intrinsèque sera de 3000 liv., vous voulez que je dépense 4000 à 5000 liv. en murailles ? il vaut mieux l’abandonner… Des haies éviteront cette dépense… Qui empêchera vos troupeaux de les brouter quand elles sont encore jeunes ; puisque vous respectez peu les blés, il faut donc que je les garantisse de haies mortes de chaque côté, & elle serviront à vous chauffer. Sur cent propriétaires, en compte-t-on vingt en état de faire cette dépense ? Le pauvre restera donc toujours pauvre, parce qu’il est dans l’impossibilité de faire des avances, &c.

Je trouve que le désordre n’est pas encore poussé assez loin. Son excès amèneroit le bon ordre. Si j habitois une pareille province, mon premier soin seroit d’étudier la loi ou la coutume dans toute son étendue, les sentences des juridictions, les arrêts des parlemens, du conseil, &c. qui ont rapport à ce droit, afin de ne marcher que la loi à la main ; ensuite bien sûr de mon fait, je n’acharnerois sur les possessions des gens en place & des gens riches, mon troupeau y seroit à tous les momens permis par la loi, & ils seroient enfin forcés de demander une nouvelle loi, si mon exemple étoit suivi par ceux qui aiment le bien public. L’on dira que cette manière de penser n’est pas délicate, qu’elle n’est pas chrétienne, intérieurement j’en conviens avec plaisir ; mais au moins elle est légale, & l’abus ne se corrigé que par l’abus. S’il en résulte un bien réel pour l’agriculture, pour la conservation de la propriété, qui osera me blâmer ?


PARELLE ou PATIENCE DES MARAIS. (Voyez Pl. VII., page 400) Tournefort la place dans la onzième section de la quinzième classe des fleurs sans pétales, à étamines, dont le pistil devient une semence enveloppée par le calice ; & il rappelle lapathum aquaticum folio cubitali ; von-Linné la nomme rumex