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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/564

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les arbres fruitiers, tant à noyau qu’à pepin, avec cette différence que dans ceux-là elles donnent leur fruit la même année qu’elles ont été produites, au lieu que dans ceux-ci les lambourdes sont trois ans à se former en brindilles pour donner leur fruit.

Nulle raison ne peut autoriser à abattre ces deux sortes de branches, soit à la taille, soit à l’ébourgeonnement, & au palissage, (consultez ces mots) quand même elles se trouveroient sur le devant. Heureuse difformité qui naît de l’abondance ! Je préfère des arbres bien fournis de fruits & un peu irréguliers, à ceux qui traités selon les règles en auroient moins. On retrousse néanmoins ces branches quand le bouton à bois est grandi, & on les attache en leur faisant faire peu à peu l’anse du panier. Il n’y a qu’une exception à cette règle, c’est quand l’œil à bois a gelé ou manqué ; le fruit du pêcher ne murit point qu’il n’ait à côté ou au dessus une branche pour lui servir de mère-nourrice, qu’on a fait sagement de couper à trois ou quatre yeux, lorsque le fruit peut être sevré, & qu’il a acquis les deux tiers de grosseur, afin que la circulation de la sève ne soit pas interrompue, & que les feuilles lacées à chaque œil servent la défendre des rayons du soleil. Il profite alors de la sève qui auroit monté dans toute la branche.

On distingue dans le pêcher trois sortes de branches à fruit : les grosses, les médiocres & les petites. Les fortes sont de la grosseur d’une plume à écrire ; elles ont des yeux triples à chaque nœud, savoir, deux yeux à fleur avec un œil à bois au milieu ; ces branches, loin de s’aoûter comme les gourmands, sont d’un vert un peu foncé ; avec des marques noirâtres, & un peu graveleuses. Leurs yeux voisins les uns des autres, sont bien nourris, & produisent des feuilles longues & larges, d’un vert qui annonce leur santé. À ces sortes de branches on donne sept à huit onces de taille, selon la vigueur de l’arbre ; mais à l’ébourgeonnement on en supprime une partie pour peu que les autres s’allongent, sans les éclater ni les pincer avec le pouce. Les branches médiocres à fruit tiennent le milieu entre celles-ci & les petites ; elles ont aussi des yeux triples comme les grosses ; leur couleur est la même, & leur grosseur est à peu près égale à celle d’un cure-dent, on les taille à quatre, cinq, ou six yeux. Les petites branches sont de deux sortes ; les unes fructueuses, & qui ont à chaque nœud un seul œil à fruit avec un œil à bois, sont particulièrement celles que les gens de Montreuil nomment branches-crochets, dont ils se servent pour amuser la sève, & sur lesquelles ils tirent à fruit au défaut de branches fortes & de demi-fortes. On les taille à un, deux ou trois yeux ; le fruit y noue également, & y mûrit parfaitement. Taillées à un œil, elles donnent pour l’année suivante de très-bonnes branches médiocres fructueuses. Beaucoup de jardiniers tirent trop à fruit sur elles, sauf, disent-ils, à les rabattre si le fruit ne noue point ; mais dénuées de sève pour nourrir tant de fleurs & de bourgeons, elles ne produisent que des feuilles. La seconde espèce est celle des branches folles ou chiffonnes, dont la stérilité