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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/565

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est le partage ; elles ne sont pas plus grosses que des brins de balai, & n’ont que de très-petits yeux à côté de chaque feuille, & fort éloignés les uns des autres. Il faut leur associer certaines branches dénuées d’yeux à bois, mais qui ont un bouquet de 20 à 30 fleurs qu’on doit supprimer.

Un pêcher d’un an doit avoir poussé quatre, cinq, ou six belles branches qu’on aura palissées de toute leur longueur, à moins que l’arbre occupé à sonder le terrain, n’agisse sourdement par ses racines dans sein de la terre. La conduite tenue à l’égard de cet arbre, pendant la première année, sert également de règle pour la seconde ; au lieu de ravaler comme font les jardiniers, sur la branche d’en-bas, en taillant à deux ou trois yeux, on laisse une ou deux branches, qu’on taille en branches-crochets à trois ou quatre yeux, puis on en ôte une après qu’on coupe tout près de l’écorce, & on alonge celle des extrémités : s’il s’y rencontre des gourmands, on les rabat dessus. Cette pratique conserve à la séve ses agens & ses réservoirs, sans épuiser dans son jeune âge un arbre qui fait tous les ans à pure perte la pousse de quatre ou cinq branches. À la seconde année il a trois ou quatre pieds d’étendue, & sa tige, une grosseur considérable ; s’il ne poussoit pas aussi vigoureusement, on le tiendroit plus court, relativement à sa force & à ses besoins.

Bien des gens tirent à fruit sur les arbres de cet âge. Je pense, au contraire, qu’il est impossible qu’un jeune arbre donne à la fois & du bois & du fruit ; Or, quel est le but auquel on doit tendre alors ? c’est de former son arbre, & ce n’est que par les branches à bois qu’on peut y parvenir. Quant à l’ébourgeonnement durant ces deux premières années, je laisse fort peu de bois, choisissant toujours le plus fort & le mieux placé, conformément à mon systême de V déversé. Si je vois que le jeune arbre produit beaucoup de gourmands, je lui laisse plus de bois qu’il ne lui en faut, afin d’amuser la séve, sauf à le supprimer à la taille, & j’alonge les deux branches mères ; c’est le seul moyen d’avoir des arbres qui s’étendent, croissent, & grossissent, & de faire profiter la tête & la tige en même temps.

Si ces moyens ne réunissoient pas il faudroit recourir à ceux indiqués au mot Taille, tels que l’incision, la saignée, &c., & ce seroit un mauvais signe. Voici donc un avis que je donne à tous les jardiniers ; c’est en même temps qu’ils jettent les yeux sur la pousse des jeunes arbres, d’avoir toujours attention à leur tige. Elle est la base & le principe de la végétation. Il est impossible qu’un arbre réussisse quand la grosseur de sa tige n’est pas en proportion avec ses branches.

Mon arbre à la troisième année doit commencer, non-seulement à occuper une vaste circonférence, mais encore à donner suffisamment de fruit ; voici mon procédé à son égard dans le temps de la taille : : quand il est dépalissé, j’abaisse de côté & d’autre les deux mères branches, & je les étends à chaque extrémité, en consultant toujours la vigueur de mon arbre ; j’alonge à proportion les membres, & je leur donne en hauteur l’étendue qu’ils