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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/582

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& sur les plus voisines de la superficie de la terre.

Les circonstances où il faut l’employer, sont 1°. pour arrêter la production ou les progrès des gourmands. 2.° Pour opérer la distribution proportionnelle des branches dans les arbres extrêmement fougueux. 3°. Contre la gomme qui flue sur certains arbres vigoureux, parce qu’elle est trop abondante. 4°. Pour faire fructifier les arbres & pour empêcher les fruits de tomber.

3°. Le cautère à la tige, aux branches & aux racines. Le cautère des arbres est la saignée & l’incision différemment modifiées.

Lorsqu’au printemps jusqu’au commencement de juin, on fait une incision de deux à trois pouces & en droite ligne à l’écorce d’une branche vive, ou d’une tige qu’on veut garnir d’un côté, ou enfin aux racines ; peu importe dans quel endroit elle se fasse, pourvu qu’on en détourne les rayons du soleil. Cette incision se fait avec la pointe de la serpette ou du greffoir, ou avec un couteau bien aiguisé, de même que si on vouloit greffer à œil dormant. On a ensuite un petit coin de bois, de la longueur de l’ouverture, bien affilé & assez coupant pour entrer jusqu’au fond de l’incision & sans que le tranchant puisse rester dans la plaie. On l’enfonce un peu à force, en frappant légèrement dessus avec le manche de la serpette pour le faire tenir plus ferme. Il faut l’y laisser deux ou trois jours afin de donner le tems à la séve d’arriver à cet endroit, on visite ensuite la plaie & on ôte le coin. L’écorce paroît alors retirée un peu des deux côtés, & flétrie.

Il arrive à cette partie de l’arbre incisée, la même chose qu’à la chair humaine. Si la plaie a flué, elle aura transpiré au dehors & dans les côtés de sas lèvres : aux arbres de fruits à pépins elle aura suinté ; dans l’un & dans l’autre cas, on nettoye la plaie avec une spatule de bois amincie, on l’essuye avec un linge & on remet le coin. Ce pansement, qui se fait tous les trois jours, cave toujours un peu la plaie, l’excorie de nouveau, ouvre les passages de la séve qui ne manqueroient pas de se fermer. Le cautère se fait aux branches & à la tige, afin d’attirer la séve dans les endroits où elle n’iroit pas suivant son cours ordinaire ; aux racines, pour servir d’égoût aux humeurs de l’arbre, purger la masse de la séve & la renouveler : cet écoulement dure quinze jours ou trois semaines tout au plus. Lorsque l’on voit que l’écoulement n’est plus si abondant, on retire le coin tout-à-fait. Ensuite, quand la plaie a été bien nettoyée & bien essuyée, on la remplit d’onguent de Saint-Fiacre, qu’on recouvre d’un petit emplâtre enveloppé d’un linge. Trois mois sont plus que suffisans pour que la plaie soit entièrement fermée, La plaie, quoique bouchée, détermine en cet endroit une tumeur & un gonflement, au moyen desquels est entretenue vers cette partie une nouvelle effusion de séve qui ne pouvant plus s’extravaser, fait ce que les médecins appellent éruption à travers la peau.

Des branches percent de toutes parts de la peau d’un arbre ainsi cautérisé ; il éprouve le même sort que celui qui a été ravalé ou recépé. Le cautère sert encore à purifier la séve, à augmenter son action, à faciliter sa circulation en l’arrêtant un peu ; il renouvelle l’arbre dont il rend la peau lisse