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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/587

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casser le quart des branches sur les arbres les plus vigoureux. S’ils se portent à fruit d’eux-mêmes, ou si l’on a alongé & laissé des branches-crochets, le cassement ne doit point avoir lieu. S’ils sont foibles & s’ils n’ont que des pousses médiocres, il faut bien se garder de le mettre en usage à leur égard.

6°. Déplanter pour replanter en la même place. Ce moyen que j’ai employé rarement, m’a toujours réussi. J’avois été obligé de déplacer quelques arbres de mon jardin, & je m’aperçus qu’ils me donnoient beaucoup plus de fruit qu’auparavant. Je pris de là occasion de lever plusieurs arbres infertiles, & de les replanter au même endroit. L’événement répondit à mon attente, & ils n’ont cessé depuis de me donner des fruits abondamment.

Je ne propose au reste ce moyen que comme un exemple, sans absolument le conseiller, quoiqu’il n’y ait aucun risque à courir en prenant les mêmes précautions que moi. Je l’ai essayé plusieurs fois sur le pêcher, qui ne s’accommode nullement du traitement des autres arbres ; aussi, n’a-t-il réussi que sur des sujets de trois ou quatre ans.

Ne tailler que pendant la sève. Quelques arbres rebelles & fougueux ne se mettent point à fruit : on peut essayer d’abord de les débarrasser seulement des bois confus, & d’attendre, vers la mi-avril quand la séve aura été absorbée dans les nouvelles pousses, à les ravaler sur quelques-unes des inférieures. Cette pratique, que j’ai vu réussir, est fondée dans la nature, en ce que la séve est retardée par l’épanchement qui s’en fait à tant de branches & de boutons auxquels elle a été distribuée, & que les plaies des coupes occasionnent une grande extravasions de séve que l’on peut voir sortir entre l’écorce & le bois.

Les remèdes que l’on vient d’indiquer, s’appliqueront avec succès à certains pruniers qui ne poussent que des gourmands, sans brindilles ni menus bois, & à quantité de pêchers qui n’ayant que des gourmands ou des branches chiffonnes, sont plusieurs années sans rapporter. À ceux-ci, je ne laisse ni brindilles ni lambourdes qui ne soient taillées à un seul œil, & je supprime les trois quarts de ces branches folles qui pullulent de toutes parts. Quantité de poiriers & de pommiers sur franc, poussent des forêts de bourgeons & ne se mettent à fruit que fort tard. Des poiriers boutonnent tous les ans & sans rien donner ; leurs boutons, au lieu de se former & de fleurir, s’allongent sans jamais grossir & avortent enfin.


CHAPITRE VIII.

Des opérations nécessaires après la taille.

1°. Des labours. Après que la taille générale est finie, on donne un fort labour au pied de tous les arbres ; si on a fumé, on enterre l’engrais. La bêche (voyez ce mot) ne doit pas être employée à ce travail, quoiqu’aucun instrument ne remue & ne retourne mieux la terre ; mais il est dangereux de s’en servir trop près de l’arbre, dans la crainte de couper ses racines. Alors le trident est à préférer. (Voyez figure 6 de la Planche V du tome second) Si le climat est habituellement pluvieux, la terre formera un talus dont la partie élevée sera contre