Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/619

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résulte la preuve de ceux de la respiration en général, sur la masse sanguine. Le suc exprimé des alimens entre dans les vaisseaux sanguins, muni de toutes les propriétés des matières dont il émane, & de celles qu’il emprunte encore des matières avec lesquelles il s’est allié dans l’estomac & dans les intestins ; d’abord il est porté dans le cœur où il n’est point élaboré de manière à recevoir des changemens ; mais de là il est envoyé dans les poumons ; il est disposé par ces agens à s’assimiler aux fluides & aux solides de la machine, & à pénétrer dans toutes les parties qu’il doit abreuver. L’action seule des artères ne suffiroit pas à cet effet ; ces vaisseaux ont besoin de secours, & ils le trouvent dans l’air qui les agite, qui alonge, qui les presse, qui sasse & qui resasse ; or, comme dans la respiration, les ramifications aériennes, les vésicules & les espaces celluleux augmentent & diminuent toujours alternativement, selon que l’animal inspire & expire, & que la chaleur donne encore continuellement plus de ressort à l’air qui est en repos après l’inspiration ou l’expiration ; il s’en suit que les canaux sanguins dans lesquels les plis tiennent lieu des contours que font les canaux qui se distribuent dans les autres parties sujettes à quelques expansions, ne sont jamais pendant deux instans successifs, pressés également & dans le même sens, & par conséquent toutes les liqueurs qui coulent dans ce viscère avec une singulière promptitude, y sont réciproquement comprimées, fouettées & abandonnées à elles-mêmes, dissoutes, broyées & atténuées de façon que le sang n’est, pour ainsi dire, plus le même, lorsqu’il parvient au ventricule dans lequel les veines le déposent.

Les poumons sont donc le principal organe de la sanguification ; ils rendent méables les parties des alimens ; ils broyent, ils changent les molécules chylieuses, ils les condensent ; ils les affinent tellement dans leur passage au travers des filières ténues des petites artères, qu’ils les rendent propres à enfiler les tuyaux les plus fins ; ils préviennent ainsi les obstructions qui sans cette préparation arriveroient inévitablement dans les capillaires, & le fluide élaboré de cette manière acquiert enfin la faculté de réparer les pertes que fait à chaque moment l’animal.

La respiration a encore plusieurs avantages accessoires ; dans l’expiration elle exhale quelque chose de nuisible au sang, puisque cette vapeur retenue dans l’air, est suffoquante. Elle sert encore à comprimer constamment l’abdomen & ses viscères ; elle évacue l’estomac, les intestins, la vésicule du fiel, le réservoir du chyle, la vessie urinaire, l’intestin rectum, la matrice ; elle brise les alimens & pousse le sang dans le foie, dans la rate & dans le mésentère. L’inspiration attire les particules odorantes de l’air, elle le charie & le mêle avec les alimens, ce qui ne concourt pas peu à les rompre & à les dissoudre. Le poulain ou le veau qui viennent de naître, ne peuvent teter qu’en inspirant & en préparant par ce moyen, un espace plus grand dans leur bouche, dans laquelle l’air qui y est renfermé, se raréfie, de sorte que l’effort de l’air extérieur pousse le lait dans la bouche où il trouve moins de résistance. Enfin, le hen-