Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/627

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cette artère, & par le moyen d’un entonnoir il y fit couler de l’eau chaude ; ensuite, avec une grosse paire de souflets attachés à la trachée, il dilatoit alternativement les poumons, pour essayer si par ce moyen l’eau ne passeroit pas dans la veine pulmonaire ; mais il fut bien surpris de voir qu’au lieu de passer dans cette veine, elle sortoit à plein canal par l’âpre artère. Il douta d’abord s’il ne devoit pas attribuer cela à la rupture de quelques vaisseaux que l’eau auroit pu forcer ; mais il s’assura bientôt, par des expériences répétées, avec tout le soin possible, tant sur le veau que sur d’autres animaux, que l’eau pasoit effectivement de l’artère pulmonaire dans les bronches, indépendamment d’aucune rupture de vaisseaux. Une autre fois M. Halles voulut essayer si la sérosité du sang de cochon pourroit passer des artères pulmonaires dans les veines correspondantes des deux lobes du poumon du même animal, qui avoient été conservés chauds dans l’eau, cette sérosité passa librement dans les bronches, mais point du tout dans les veines ; bien plus, l’eau chaude versée dans la trachée, sortit par l’orifice de l’artère pulmonaire, mais cependant avec moins de vitesse qu’elle ne s’écouloit de la première, lorsque l’eau passoit de cette artère dans la cavité des bronches. Du sang qu’on fit couler dans l’artère pulmonaire ne put pas pénétrer dans les cellules de poumon, quoiqu’on l’eût y délayé dans de l’eau nitrée. »

Nous pouvons observer encore qu’il y a un grand nombre d’ouvertures qui communiquent de l’artère bronchiale dans les vaisseaux aériens, puisque ces ouvertures donnent passage à la mucosité qui lubréfie toute leur surface intérieure, à mesure que l’artère bronchiale la sépare ; or, s’il arrive dans une péripneumonie, que quelques branches ou quelques ramifications de l’artère bronchiale soient le siége de cette maladie, le sang qui pousse par derrière les molécules de la matière morbifique, peut les faire pénétrer petit à petit à travers ces vaisseaux délicats & faciles à dilater, jusque dans l’intérieur des bronches d’où elles peuvent être évacuées par l’expectoration, en se mêlant avec la mucosité dont on vient de faire mention.

De tout ce que nous venons de dire, il paroît qu’on peut conclure que la matière inflammatoire, stagnante dans les branches ou ramifications des artères, bronchiale ou pulmonaire, peut être exprimée dans la cavité des bronches, & que l’animal, atteint de la péripreumonie, peut être guéri par cette voie, au moyen de l’expectoration.

Il nous reste à examiner les qualités que doit avoir l’expectoration, pour pouvoir fonder sur elle l’espérance de la guérison.

1°. Il faut qu’elle paroisse dès le commencement de la maladie, parce que si elle ne se montre qu’au bout de quelques jours, il y a lieu de craindre que l’inflammation ne suppure ; une fois la suppuration décidée, il est évident que ce n’est pas par la santé que la péripneumonie doit finir, mais qu’elle a dégénéré en une autre maladie