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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/678

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fait des progrès. C’est alors qu’ils ont dans le jour plusieurs quintes de toux sèche ; pour l’ordinaire, ils expectorent des matières muqueuses. La moindre marche, la moindre fatigue les rend essoufflés, & augmente la gêne dans la respiration. En général, leur visage est d’une couleur cendrée, mais il s’anime après le repas, & leur joues sont colorées d’un rouge vif & purpurin ; d’autres fois elles ont des taches blanches & de couleur d’amande. Ils ressentent des douleurs aux épaules & à l’épine du dos. Rarement ils dorment de plat, ils se couchent toujours sur un côté, la toux augmente ou survient tout à coup, s’ils reposent sur l’autre, le sommeil est alors interrompu. Ils ont le creux de leurs mains très-chaud ; leur pouls est petit, dur & entrecoupé. La fièvre survient, elle redouble tous les soirs & ses redoublemens sont toujours précédés de quelques frissons. Le dégoût rend encore leur état plus insupportable. Ils mangent forcément, & les digestions qui ne tardent point à se vicier, accélèrent bientôt cet état de maigreur & de consomption qui constitue le premier degré de cette maladie.

À tous ces symptômes en succèdent d’autres plus graves, qui annoncent la décomposition & la dépravation des humeurs, tels que les crachats qui prennent une couleur verte, blanche ou mêlée de quelques stries de sang, une consistance plus épaisse, & qui exhalent une odeur fétide & insupportable à ceux qui par état sont obligés de rester dans l’appartement des malades ou de leur donner des soins assidus. La fièvre qui les consume, devient plus forte, & ses redoublemens plus longs & plus accablans. Il survient des sueurs colliquatives qui se manifestent le matin autour du front & du col. Ils sont encore épuisés par le cours de ventre & un flux excessif d’urine ; leur maigreur est extrême ; ils ne peuvent vivre que courbés sur la poitrine, afin de trouver quelque soulagement à leur situation. Leurs doigts s’amincissent sensiblement, les ongles deviennent, pour ainsi dire, crochus, & les cheveux tombent.

Les malades ne tardent pas longtemps à passer de ce second degré au troisième : dans celui-ci, les symptômes qui le caractérisent sont beaucoup plus fâcheux ; la perte totale des forces & du peu qui leur reste pour cracher, l’insomnie, le délire, l’enflure des pieds & des jambes, la voix rauque & plaintive, les yeux enfoncés & brillans, & les paupières luisantes, le froid des extrémités, la difficulté d’avaler, jointe au sifflement de la poitrine, ou à un souffle stertoreux, que les malades traînent avec la plus grande peine, sont l’annonce d’une mort prochaine ; telle est la marche ordinaire de cette cruelle maladie, si commune en Angleterre, & qui enlève en France le douzième des personnes qui meurent dans une année. La phthisie a toujours son siège dans le poumon ; c’est ce viscère qui offre les plus grands délabremens. On le trouve adhérent dans toutes les parties voisines. On trouve sa substance épaisse, calleuse, & très-dure. Il recèle des abcès considérables, des tumeurs anomales, des tubercules, des concrétions pierreuses & des ulcères. Il renferme des épanchemens sanieux & purulens. On a vu le larinx ; la trachée-artère, & les bronches, ron-