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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/693

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une plus grande abondance de porosités, & par conséquent un abord plus considérable de liqueurs, produiront l’effet opposé ; de là, les pieds qu’on nomme très-improprement pieds gras, qu’il conviendroit de nommer plutôt pieds mous ; la sole est le plus souvent en eux si vaste, que le tissu de l’ongle en est distendu, & que le sabot en paroît évasé ; outre le danger qu’il y a de piquer, de serrer, d’enclouer ces sortes de pieds, il est certain encore que dès les premiers momens l’application des nouveaux fers les étonne toujours & qu’ils sont toujours foibles. Très-fréquemment encore ces sortes de pieds en imposent par les dehors trompeurs d’une beauté apparente qu’ils ne doivent qu’à leur défectuosité, puisque l’ongle ne paroît en eux extérieurement uni, liant & plein de vie, qu’à cause de la lâcheté de son tissu & le petit nombre de fibres dont il est formé.

Nous exigeons donc dans le pied une épaisseur proportionnée qui en fait la force, qui s’oppose à sa sensibilité & qui garantit le cheval d’être piqué, serré & encloué aussi facilement qu’il pourroit l’être, si la consistance de l’ongle étoit plus foible ? Nous demandons encore que sa fermeté soit accompagnée de souplesse. Ces deux qualités réunies lui font soutenir sans éclater les lames que l’on y broche ; ce que l’on ne rencontre pas dans l’ongle des pieds que l’on nomme pieds dérobés ; c’est-à dire, de ceux dont la corne est si cassante, que la lame la plus déliée y fait, près du fer, des brèches considérables, principalement à l’endroit des rivures. De tels pieds sont souvent déferrés, & l’étampure extraordinaire à laquelle on a recours en pareille circonstance, n’occasionne que trop communément dans les parties molles des offenses de la part des lames.

Le tissu de l’ongle dans des pieds mous, paroît extérieurement, & attendu sa lâcheté, uni, haut & plein de vie ; aussi se laisse-t-on assez souvent séduire par ce dehors trompeur. Il n’en est pas de même d’un nombre de défauts bien apparens dans une infinité d’autres pieds ; tels sont, par exemple, les aspérités qu’on y remarque quelquefois, des inégalités, des espèces de bosses en forme de cordons, qui entourent le sabot d’un quartier & d’un talon à l’autre. Dans le cas de la présence de ces cordons, le pied est dit cerclé ; souvent alors l’animal feint ou boite. Souvent aussi ces cercles ou cordons existant en dehors comme en dedans, compriment les parties molles, & la douleur qu’ils suscitent, donnent lieu à la claudication. Il est donc certain qu’en général l’ongle doit être uni dans toute son étendue ; il est toujours tel dans les pieds vifs ; c’est-à-dire, dans ceux qui n’étant pas privés des sucs nécessaires à leur entretien, possèdent, si nous osons nous exprimer ainsi, cet éclat dont jouit tout corps à qui la faculté de végéter n’est pas ravie. La rétraction, le resserrement, le rétrécissement de l’ongle, sont encore autant de points sur lesquels on ne doit pas passer sans attention. Il en est ainsi du dessèchement qui en diminue la forme ; le pied rend alors un son creux, pour ainsi dire ; quand il est heurté, on diroit qu’il est entièrement cave. On doit aussi prendre garde que l’ongle ne soit pas fendu sur le milieu de