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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/750

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7°. La périne se rassemble dans des trous que l’on fait en terre aux pieds des arbres pour la recevoir, & on a soin de la ramasser toutes les semaines avec une espèce de cuiller de fer pour la transporter ensuite dans une fosse où l’on apporte toute la récolte,

8°, Ceux qui veulent ramasser une espèce de térébenthine qu’on nomme bijon, font une petite fosse au fond de la grande ; ce qu’il y a de plus coulant se ramasse dans la petite fosse à travers un grillage de branches de romarin dont on couvre l’ouverture de cette petite fosse, & qui fait une espèce de filtre ; mais l’eau de la pluie qui s’amasse dans ces fosses gâte le bijon.

9°. On cuit la périne vierge de deux façons, 1°. dans des chaudières, comme on le pratique à Bordeaux, ensuite on la coule en pains dans des baquets dont l’intérieur est garni d’une couche de cendres ; cette substance, qu’on appelle brai sec dans les ports du Ponent, s’appelle rase en Provence. On la vend 7 à 8 liv. le quintal. L’autre façon de cuire la périne vierge, est de la mettre dans de grands alambics avec de l’eau ; mais cette opération ne se fait que dans les mois de mai & de juin, quand la périne est fort coulante. Il passe par le bec de l’alambic une eau blanchâtre qui emporte avec elle l’huile essentielle de la périne. Comme cette essence est plus légère que l’eau, elle se porte à sa surface ; c’est ce qu’on appelle en Provence l’eau de rase. Elle est cependant bien différente de la véritable huile essentielle de térébenthine, puisque celle-ci se vend jusqu’à 70 liv. le quintal, & que l’eau de rase ne coûte que 12 à 14 liv. On ne se sert de l’eau de rase que pour la mêler dans les peintures communes, afin de les rendre plus coulantes.

10°. Le galipot n’est autre chose que la résine épaisse qui suinte des plaies sur le déclin de la séve ; il s’y attache par flocons comme du suis figé, & on l’en détache vers la fin de septembre : c’est le baras du bordelais. Les ciriers l’emploient en cet état, pour enduire la mèche des flambeaux de pin ; mais la plus grande partie se cuit dans les chaudières pour le convertir en brai sec ou en rase qui est plus belle que celle que fournit la périne.

Quand on veut faire de cette rase, une résine jaune qu’on appelle en provence belle résine, on la tire de la chaudière, & quand elle est assez refroidie pour ne plus faire de bruit, on la bat avec de l’eau que l’on mêle peu à peu, de sorte qu’on verse environ trente livres d’eau sur quatre cents pesant de rase ; elle devient en premier lieu verdâtre, ensuite elle jaunit ; pour connoître si elle est entièrement jaune, les ouvriers trempent leurs mains dans l’eau, puis il les plongent dans la résine ; elles sortent couvertes d’un gant qu’ils rompent pour connoître la couleur qu’il a prise.

11°. Un beau pin fournit par an douze à quinze livres de résine.

12.° Sur la question que j’ai faite, savoir si le bois des pins dont on a tiré la résine, est bon pour toutes sortes de services, les sentimens se sont trouvés partagés ; mais le plus grand nombre assure que ce bois est encore très-bon & que l’extraction de la résine n’altère point sa qualité.