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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/96

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neige s’approprie le tout. C’est dans ce cas que la neige engraisse réellement la terre, c’est-à-dire, qu’en fondant elle lui rend ces matériaux de la séve qui se seroient disséminés sans elle dans le vague de l’air. Les deux effets généraux de la neige sont donc d’empêcher le froid de pénétrer profondément dans la terre, & de s’opposer à la perte des exhalaisons qui s’élèvent de son sein ; enfin, de lui rendre & les principes qu’elle a retenus, & ceux qu’elle a absorbés de l’atmosphère par sa surface extérieure. On n’a point fait assez d’attention à cette dernière absorption. Cependant je la regarde comme la cause unique de la couleur terne & jaunâtre que prend la neige lorsqu’elle commence à fondre, surtout près des grandes villes, & lorsque le dégel survient lentement. Quoiqu’il en soit, l’expérience journalière prouve que la neige est très-utile aux champs, aux prairies & même aux vignes & aux arbres pendant les grands froids. Il n’en est pas ainsi du tronc & des branches de plusieurs arbres qui succombent sous son poids, l’olivier sur-tout, & par le verglas dont elle les recouvre, si le dégel est interrompu.

L’abondance de neige, toutes circonstances égales, sa longue durée sur la terre, sont un présage heureux d’une bonne récolte. Ce qui a été dit plus haut, en explique la raison. Mais on doit beaucoup craindre les gelées & les dégels successifs ; ils furent la cause des terribles effets des hivers de 1709, 1728 & 1740.

Les montagnes chargées de neige, ont une grande influence sur l’état de l’atmosphère des environs, & quelquefois même à des distances fort éloignées. M. Arbutnot va jusqu’à dire que la neige des Alpes influe sur le temps qu’il fait en Angleterre. Il est certain que dans les plaines situées au pied des montagnes couvertes de neige, on éprouve un froid très-âcre, lorsque le vent passe rapidement sur cette neige, parce qu’il en enlève une partie. Le bas-Languedoc offre un phénomène bien singulier. Tant que la chaîne des montagnes qui le traverse de l’est à l’ouest, est chargée de neige, on ne craint pas que les vents de sud, de sud-est & sud-ouest, règnent. On voit les nuages accumulés sur la mer, & le vent de mer faire les plus grands efforts pour qu’ils s’avancent vers le nord ; mais le vent de terre reste triomphant, & l’on jouit alors des beaux jours qui rendent ce climat si délicieux à cette époque ; enfin, tant que la neige tient sur les montagnes, on ne craint pas les débordemens des rivières, pendant les mois de novembre & de décembre. La fonte des neiges n’a aucune part à ces débordemens. Voyez-en la cause rapportée au mot montagne.

La neige possède plusieurs propriétés, non comme eau simple, mais comme eau glacée. Lorsqu’elle est bien serrée, bien battue, on la conserve tout aussi long-temps que la glace dont elle a le même degré de froid. La manière de la conserver est décrite au mot glacière. Ses effets sur le corps humain sont les mêmes que ceux de la glace ; cependant on préfère la neige lorsqu’il s’agit de frictionner un membre gelé. (Voyez le mot Glace)


NENUFAR ou NYMPHEA ou LIS DES ÉTANGS, ou VOLANT D’EAU. (Voy. Pl. I, p. 63). Tournefort le place