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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/140

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aux nouvelles plantations : avec leurs tanières elles ouvrent l’écorce de l’arbre, y déposent par dessous leurs œufs, ces œufs éclosent & donnent des vers qui se nourrissent de la substance de l’aubier. Leur travail interrompt le mouvement de la séve, l’arbre languit ou périt. On n’a trouvé encore d’autre remède à cet inconvénient que de couvrir l’écorce des jeunes arbres avec une couche épaisse de lait de chaux froid, ou avec une seconde, si la première n’est pas assez forte. Cette opération a lieu à la fin de l’hiver ; elle seroit superflue auparavant, puisque ces insectes sont engourdis pendant l’hiver & ne font aucun mal.

La première coupe des branches est d’un petit rapport, & ces branches sont ordinairement employées à faire des fagots pour le four, ou des rames pour les pois. Si, entre l’intervalle de leur plantation & celui de la première coupe, on voyoit que le jeune arbre n’eût qu’une branche, il faudroit ne la pas laisser aller en avant & s’élancer en hauteur ; elle demande à être ravallée à la fin de l’automne près du tronc, afin de le réduire en têtard.

On observera, après les poussées de la première année de la coupe, de ne laisser sur le têtard que le nombre de branches qui se présentent bien, & de supprimer toutes les branches chiffonnes. Il est aisé de sentir combien cette soustraction doit être avantageuse aux branches restantes.

Lorsque l’on a fait la tonte de toute la saussaie, on transporte tous les bois sous des hangars ou dans la cour de la métairie, en séparant les bonnes branches à échalas du menu bois qui sert pour le four. Pendant les mauvais jours d’hiver, ou à la veillée, on refend les branches trop fortes afin de multiplier les échalas. Le propriétaire qui les achette & les destine à ses vignes, préférera ceux qui n’auront pas été refendus, parce qu’ils se conservent davantage, & aura grand soin de les faire peler avant de les mettre en place. L’écorce sert à loger une multitude d’insectes qui rongent l’aubier, retient entre le bois & elle une humidité qui accélère sa pourriture.

Si on peut faire sa provision une année d’avance, il y aura une grande économie de faire aussitôt écorcer les échalas, de les lier en fagots & de ne les planter que lorsque la dessiccation aura enlevé leur humidité intérieure ; il faut les tenir à couvert des pluies, du soleil, & ils dureront beaucoup plus.

Les brindilles que l’on supprime à la fin de la première année, servent à attacher le sep contre l’échalas ; mais elles ne valent pas l’osier.

Les saules auxquels on ne coupe pas la tête, sont susceptibles, comme je l’ai déja dit, d’égaler en hauteur les peupliers les plus élevés. De pareils arbres figurent très-bien dans les endroits bas & humides d’un parc. Le verd pâle des feuilles contraste joliment avec celui des aunes qui se plaisent dans le même terrain. Les saules têtards ont toujours leurs troncs caverneux & pourris, parce que les chicots laissés au sommet, lors des coupes, n’ont pas permis a l’écorce de recouvrir les plaies. Bientôt le bois s’est pourri, & de proche en proche le mal a gagne jusqu’aux racines. Il n’en sera pas ainsi du grand seule. On a la facilité d’émon-