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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/141

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der proprement sa tige & de ne laisser aucun chicot. Les grands arbres fournissent des planches saines, mais moins bonnes que celles des peupliers & sur-tout du peuplier ypreau.

La distance entre chaque pied d’une faussaie est de dix à douze pieds.


Culture des Osiers.

Dans plusieurs cantons on préfère l’osier à écorce jaune, & dans d’autres, celui à écorce rouge est le plus recherché. Cette différence tiendroit-elle au préjugé, ou à l’influence du climat ou du sol ? Quoi qu’il en soit, j’ai constamment observé que le jaune étoit plus pliant, plus doux, & qu’il duroit plus long-temps.

On plante ces deux osiers comme le saule, mais ils ont sur lui le précieux avantage de venir par-tout où la vigne croît ; il faut cependant excepter de cette loi les vignes de nos provinces trop méridionales. Le proverbe dit, un osier en valeur rend plus que deux ceps, & le proverbe est vrai. Dans tous les pays où l’on cultive la vigne, soit en hautains, soit avec des échalas de six à sept pieds, soit en treilles, (consultez l’article Vigne) les osiers sont toujours chers & d’un excellent débit. Il s’en fait une consommation prodigieuse pour relier les tonneaux.

Les osiers réussissent beaucoup mieux dans un terrain fort & bon, que dans tout autre. Ceux venus dans un terrain sec sont plus courts, moins pourris que les autres ; mais ils sont plus forts, durent beaucoup & se moisissent & pourrissent moins vîte.

Communément on plante les osiers par rangées à six pieds les uns des autres. Si on veut par plusieurs rangs former une oseraie, on observe la même distance, mais ces arbrisseaux ne réussissent jamais mieux que lorsqu’ils sont isolés. Lorsque dans la rangée ou dans l’oseraie il survient une place vide, on fait un provin ou couchée, & elle est bïentôt regarnie. Chaque année, après la chûte des feuilles ou après la première gelée, on fait la coupe générale, & on ne laisse sur pied que le nombre de rameaux destinés à être couchés ou à regarnir comme têtards les places que l’on veut regarnir, ou pour de nouvelles plantations.

Pendant l’hiver on sépare toutes les brindilles survenues sur les pousses de l’année, ainsi que les trop petites pousses. Les unes & les autres servent à attacher la vigne, à palissader dans les jardins. On refend en deux, trois ou quatre parties, les pousses fortes, on en fait des tresses que l’on vend aux tonneliers.

Des Saules, N° 2, 3, 5, 6, vulgairement connus sous le nom d’Amarine.

Ils croissent spontanément dans les isles, au bord des rivières &t sur les terrains humides, abandonnés. On ne les cultive pas ; ce sont les vents, les eaux qui charient leurs semences. Je crois cependant, mais je ne l’ai pas éprouvé, qu’on réussiroit en les plantant avec les mêmes soins que ceux dont on a parlé. C’est avec ces espèces de saules que les vaniers font les ouvrages de leur ressort. Les vrais osiers, jaunes ou rouges, leur reviendroient trop cher. Ils les emploient avec leur écorce pour les ouvrages com-