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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/179

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pas non plus un germe dégénéré comme est la nielle. Je me flatte mettre dans son vrai jour cette vérité inconnue jusqu’à présent parmi les naturalistes ; & le règne animal sera enrichi d’une nouvelle galle ou coque, fait, e par un petit animal microscopique invisible.

» La multiplication du germe dans la même balle est encore plus surprenante. On sait que le germe du grain est toujours seul dans la balle, & qu’il n’y en a jamais deux ou plusieurs, même par aucune maladie connue jusqu’à présent. Où existe la petite galle ou tumeur du grain cornu ? Très-souvent on trouve le germe double, triple, & quelquefois multiplié jusqu’à dix germes, tous bien distincts, quoique rassemblés, sans que cette multiplication rende moins certaine l’autre observation, que l’ergot est une vraie coque ; car j’ai bien souvent trouvé le germe seul non multiplié, & en méme-tems le grain d’ergot, tantôt seul, tantôt accompagné d’autres ; & j’ai trouvé l’ergot même hors des balles qui renferme le germe ; c’est une observation sans réplique.

» Après avoir examiné la multiplication de ces germes, on peut dire avec toute assurance, que la pluralité des grains d’ergot dans les mêmes balles, ne vient sûrement pas des germes multiplié. Le petit grain d’ergot tout seul est séparé du germe. Les germes, multipliés formant parmi eux un seul corps, ils sont tous attachés à un seul pied, & sur une même balle, & quelquefois on trouve dans les mêmes balles le grain de l’ergot, & le germe non multiplié, non divisé, mais seul & entier… Si cette multiplication des germes, ne sert point à former les coques du grain cornu, elle sert à multiplier les grains de nielle attaqués de la maladie de l’ergot, ou ergotés ; & c’est une observation neuve, unique & sans exemple. On trouve très-souvent dans les mêmes balles, deux ou trois grains de nielle qui ont à leur sommité leurs pistils. On sait que la nielle est le germe dégénéré, non fécond, & comme le germe est seul, le grain de nielle l’est toujours dans les mêmes balles. Dans les épis & dans les balles où règnent les deux maladies unies d’ergot & de nielle, on trouve les grains de nielle multipliés, soit qu’ils soient à côté des grains d’ergot, soit qu’ils soient seuls… Un grain niellé doit être regardé comme atteint de la maladie de l’ergot, lorsque dans sa substance interne, qui est toute formée de petits globules noirs, on trouve les petites anguilles générantes.

» Nous avons vu jusqu’à présent, que le faux ergot est une maladie du blé & du seigle ; qu’elle est contagieuse ; que nous pouvons la communiquer, si nous voulons, aux grains sains du blé & du seigle ; que l’ergot n’est point le germe dégénéré, mais une coque ou tumeur de la plante ; que là où il y a l’ergot, le germe se multiplie ; que l’on peut donner aux grains les deux maladies d’ergot & nielle ; que dans les grains de nielle, infectés d’ergot, il y a de petits animaux tout comme dans l’ergot ; & enfin que dans les mêmes balles on trouve plusieurs grains de nielle. Quoique toutes ces vérités puissent sembler neuves & des paradoxes, elles n’en sont pas moins exactes & vraies. Voici des observations sans répliques.