Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaleur & la tannée, il sera à couvert du feu, mais elle recevra moins de chaleur, & il faudra faire passer les bouches d’air, par-dessus ou par-dessous le tuyau de chaleur. Si on le place de l’autre côté, il est plus facile d’y ouvrir des bouches, & la tannée reçoit plus de chaleur ; mais on ne peut faire aux coudes du tuyau de chaleur, les ouvertures marquées fig. 1, première division, pour le nettoyer sans le découvrir. Je marquerai bientôt la disposition la plus avantageuse de ce tuyau, & la grandeur de ses bouches.

Il est inutile d’observer que l’air parcourant tous les replis de ce tuyau très-échauffé par le feu du fourneau, contracte une grande chaleur ; qu’un tuyau de six pouces sur quatre, répandant dans la serre 24 pouces d’air chaud, contribue à l’échauffer, & au bien des plantes ; que dans une serre qui a deux fourneaux, deux pareilles bouches y donnent à chaque instant 48 pouces d’air, y produisent nécessairement un effet sensible sur les plantes & sur la température de la serre ; (la serre chaude de M. le comte de Noyan, longue de 66 pieds, large de 17 & haute de 21, d’autant plus difficile à échauffer qu’elle a deux faces vitrées, l’une a l’est & l’autre à l’ouest, & qu’elle ne reçoit point de soleil a midi, & ne le reçoit que très obliquement, depuis 9 heures jusqu’à 3 ; cette serre n’est échauffée que par deux bouches de chaleur & par deux tuyaux de tôle qui s’élèvent droits depuis les fourneaux jusqu’au toit de la serre) que ce tuyau doit être tenu bien fermé lorsqu’il n’y a point de feu dans le fourneau, à moins qu’il ne soit nécessaire d’introduire de l’air frais ; ou quelquefois une serre étant trop échauffée, les feuilles des plantes se penchant & se fanant, avertissent que l’air a perdu son ressort. Si cela arrive dans des temps froids ou très humides, on peut renouveller l’air par des tuyaux, qui le tirent de la galerie fermée, & non du plein air qui pourroit être nuisible[1].

XI Stores. On reproche aux vitrages inclinés des serres de se charger des vapeurs humides de la couche & des plantes, & de les distiller sur les plantes à leur grand préjudice. Il est facile de remédier, du moins en bonne partie, à cet inconvénient, en plaçant sous ce vitrage des stores qui reçoivent, lorsqu’ils sont abaissés, les gouttes qui tombent des vitres, & qui, interceptant une partie des vapeurs, les empêchent de s’élever jusqu’au vitrage. Ils se font de toile claire ou de canevas, & peuvent aussi servir à préserver les plantes des coups, de la grande ardeur du soleil, & à donner de l’ombre aux boutures & aux plantes récemment empotées.

  1. J’ai vu pratiquer, dit l’Abbé Nolin, & j’ai fait faire de pareils tuyaux d’air à des cheminées qui fumoient à cause de leur immense construction & de leur mauvaise position. Ils ont corrigé le défaut des cheminées, & les ont rendues fort économiques, parce qu’ils répandent beaucoup de chaleur dans les appartemens, on les replie plusieurs fois sous le foyer, & même si l’on veut derrière la plaque. Dans le foyer, ils ne sont couverts que de grands carreaux minces, ou mieux d’une plaque de fer fondu ou battu. On fait l’issue du tuyau à l’endroit de l’appartement que l’on juge à propos. On peut aussi mettre en dehors du jambage de la cheminée un diaphragme, par le moyen duquel on, introduit l’air frais dans l’appartement, & on lui ferme l’entrée sous le foyer.