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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/237

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que sa chaleur n’a plus que le degré convenable de trente à trente-cinq degrés[1], on y plonge les pots, & pendant quelques jours on est attentif aux retours de grande chaleur qui arrivent quelquefois, & dans lesquels il faut soulever les pots & les retirer entièrement. Ordinairement la chaleur de cette tannée échauffe suffisamment l’aire de la serre jusqu’en novembre.

3°. Enfin, lorsque le thermomètre placé en-dedans de la serre, ne monte pendant la nuit qu’à quatorze ou quinze degrés, & que le thermomètre placé en-dehors, ne monte qu’a un ou deux degrés au-dessus de zéro, on commence à allumer du feu pendant la nuit, & à mesure que la température de la saison devient plus froide, on augmente le feu & sa durée. Dans les serres qui ont deux fourneaux, on les allume alternativement, ou les deux en même temps, suivant le degré de froid. S’il descend à dix degrés ou plus au dessous de la congélation, on entretient le feu nuit & jour, soit que le soleil paroisse, soit que le temps soit couvert, de sorte que les fourneaux & les tuyaux ne refroidirent point, & qu’on puisse promptement augmenter la chaleur, lorsque, vers la nuit, le froid augmente. Il faut dégarnir de bois les fourneaux vers minuit, ou même après ; & vers les six heures du matin, afin que, pendant les heures du grand froid, (un peu après le lever du soleil) il donne une grande chaleur. Avec la tourbe, le service des fourneaux est beaucoup moins fréquent & moins gênant. Dans les dégels & dans les temps humides, quelque doux qu’ils soient, le feu est nécessaire pour dissiper l’humidité de la serre, & d’empêcher l’air d’y pénétrer.

4°. Pendant les nuits rigoureuses, les neiges, les temps de brouillards froids, on couvre les vitrages avec de grosses toiles, ou de la toile cirée, ou des paillassons, tant pour conserver la chaleur de la serre, que pour préserver les vitrages d’être brisés par le poids de la neige ; mais ont les découvre pendant le jour, aussitôt que la neige ou l’obscurité du ciel cesse, afin de rendre aux plantes la lumière dont elles ne peuvent, sans préjudice, souffrir une longue privation. De la lumière, je le répète, un air sans humidité, & au moins 15 degrés de chaleur aux plantes de la zone torride, au moins 12 dans les serres sans tannée, pour les plantes en-deçà des tropiques ; ce sont les trois

  1. Ce degré de chaleur ne convient qu’aux plantes qui en exigent le plus, & aux plantes délicates qui font leurs productions pendant l’hiver. Il pourroit être nuisible aux autres, soit en brûlant ou altérant leurs racines, soit en mettant leur sève en action avant le temps. Il faut moins chercher à exciter la végétation qu’à conserver la vie des plantes qui donnent leurs fleurs ou leurs fruits dans d’autres saisons que l’hiver ; car si on les force, leurs pousses foibles & étiolées périront & feront grand tort aux plantes qu’elles auront fatigués. Ce n’est que vers l’équinoxe du printems qu’il faut les faire travailler, parce qu’alors on commence à donner de l’air à la serre, & que bientôt on pourra l’ouvrir presque tous les jours, & long-temps chaque-jour. & par conséquent fortifier les nouvelles pousses. Par les mêmes raisons, lorsque le feu devient nécessaire, il ne faut en faire d’abord qu’avec modération & précaution, & en régler successivement l’augmentation sur le besoin des plantes & la rigueur du temps.