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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/241

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mences, marcottes, boutures & drageons. (Consultez ces mots) Il ne s’agira ici que des semences.

La plupart des semences des plantes de la zone torride, & un grand nombre de celles d’un pays moins chaud, ne pouvant perfectionner leur maturité dans nos serres, il est nécessaire d’en faire venir de leur patrie. Étant recueillies dans leur parfaite maturité, laissées dans leurs capsules, & non dans une pulpe[1] ou un mucilage, embarquées avec les précautions connues (la meilleure est de les mettre dans des boîtes remplies de terre, pour les préserver, pendant la traversée, des insectes, du dessèchement & du contact de l’air salé) ; enfin, arrivées en bon état, on les sème aussi-tôt dans des terrines ou des pots remplis de terre légère, de médiocre qualité plutôt que grasse. On sème séparément, chacune dans un petit pot, les grosses graines & celles des plantes difficiles à transplanter, même en motte, parce que leurs racines craignent d’être offensées & même d’être découvertes.

Si l’on sème depuis la fin du printemps jusqu’au mois de février suivant, on place les pots ou terrines dans un endroit de la serre où les graines ne puissent pas éprouver une chaleur & une humidité suffisantes pour les faire germer, ni assez de froid ou de sécheresse pour altérer leur germe ; car les plantes annuelles dont les graines ne leveroient qu’après le printems, n’auroient pas, dans le reste de nos jours chauds, le temps de faire leurs production ; utiles ou agréables ; & les tiges des plantes vivaces ne pourroient pas acquérir assez de force ou de solidité pour résister facilement aux rigueurs de notre hiver, dont la meilleure serre ne peut pas entièrement préserver les plantes délicates.

Mais aussitôt que le mois de mars (vers le 10 ou 12, suivant le climat) adoucit la température des nuits, les graines antérieurement semées, & celles qu’on a pu jusqu’alors différer de semer, doivent être plongées dans une couche chaude de tan, mieux que de fumier, & entretenues dans une humidité suffisante pour les faire germer. Lorsqu’elles sont levées, on donne au plant autant d’air qu’il est possible, afin de les fortifier & de les préserver de l’étiolement. Si les graines ont été semées séparément, & qu’il n’y ait qu’un seul pied dans chaque pot, on lui continue les soins convenables à son espèce. S’il y a plusieurs pieds dans chaque pot, aussi-tôt qu’ils auront acquis un pouce & demi ou

  1. Si les graines sont envoyées dans du papier ou dans de petites boîtes, il faut qu’elles n’aient aucune humidité. Ainsi on laisse entièrement sécher les capsules qui sont charnues à leur base ; les bayes, la pulpe, la chair, le brou, &c. qui enveloppent les semences des fruits ; ou bien on en retire les semences, & on les laisse sécher à l’ombre avant de les renfermer ; ou bien, sans laisser sécher les semences, après les avoir retirées des fruits, on les enveloppa de mousse fraîche, non tassée & foulée. Mais si on les y envoye (beaucoup mieux) dans du sable ou de la terre sèche ou tout au plus fraîche, on peut les laisser dans leur pulpe, chair ou enveloppe charnue, dont l’humidité sera absorbée par le sable ou la terre.