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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/242

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deux pouces de hauteur, & avant que leurs racines se soient beaucoup étendues, on les sépare en motte, sans endommager les racines, ni même les découvrir, si les plantes sont grasses ou laiteuses, & on les plante chacun dans un petit pot qu’on enfonce dans la couche, & on les défend du grand soleil jusqu’à ce qu’ils recommencent à pousser & à profiter ; mais si, après six semaines ou deux mois, les graines ne lèvent point, on les visite, les découvrant avec précaution & sans les déranger ; & si on ne les trouve ni germées, ni renflées & disposées à germer, on retire les pots de la couche & on les place dans un endroit tempéré de la serre, & on les remettra dans une couche chaude au printems suivant.

Nota. 1°. Des plantes exotiques comme indigènes, il y a des graines qui, étant semées aussitôt qu’elles sont mûres, germent sur-le-champ ou au premier renouvellement de la saison ; mais si l’on diffère de les mettre en terre, elles ne germent qu’au second & quelquefois au troisième printems. La sécheresse dans laquelle on les a tenues, semble avoir engourdi & rendu inertes leurs facultés germinatives ; & il faut beaucoup de temps pour les ranimer & les mettre en action, si toutefois elles ne les ont pas perdue, comme il arrive à celles qui ont été conservées trop sèchement hors de leurs capsules, ou entièrement privées d’air, ou trop exposés à l’air salé ; c’est pourquoi j’ai observé que le plus sûr moyen de transporter les graines étrangères en bon état, est de les mettre dans des caisses, remplies de terre, dans laquelle elles sont défendues de la trop grande action de l’air, préservées de l’extrême sécheresse & d’une assez grande humidité pour les faire pourrir aux approches de nos climats tempérés.

Nota. 2°. La germination des semences est opérée par le contact de l’air, de la chaleur & de l’humidité. Si un très-petit nombre de graines germent dans le vide, toutes les autres ont besoin de plus ou moins d’air. Renfermées pendant un certain temps dans des bouteilles de verre bien bouchées, elles y perdent entièrement la faculté de germer. Enterrées à une grande profondeur (trois pieds ou davantage), elles conservent cette vertu comme suspendue pendant un fort grand nombre d’années, & aussi-tôt qu’en les rapprochant de la surface de la terre, on les soumet à l’action de l’air, elles se réveillent, & leur germe reçoit en mouvement & se développe. Les graines privées, d’humidité deviennent incapables de germination, les unes six mois après leur maturité, d’autres un an, d’autres deux, d’autres trois, & un petit nombre au-delà de ce terme. Enfin toutes les semences, pour être mises en activité, ont besoin de chaleur plus ou moins grande, suivant la saison & le climat pour lesquels les plantes ont été créées & destinées. Les graines de la plupart de nos plantes indigènes entrent en mouvement aussitôt que les premiers degrés de chaleur raniment la nature ; quelques-unes attendent une température plus douce ; mais on sémeroit inutilement dans nos potagers, au commencement du printems, des cardons & des haricots.

Non-seulement ces trois agens doivent concourir à la germination des semences ; non-seulement ils doivent