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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/258

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ces mots. Les extérieures sont malheureusement plus communes. J’appelle causes extérieures, les ravages causes par les vers du hanneton, qui rongent les racines, par les taupes-grillons qui les coupent, par les vers même qui se nourrissent des plus jeunes. Tous ces insectes couvrent les racines de plaies, & les entretiennent, afin de trouver de quoi vivre. Dès-lors naissent les extravasions des sucs, les chancissures, les moisissures des racines. Dans certaines circonstances, la terre qui les environne se vicie, c’est-à-dire que, par la combinaison des sucs infectés de la plante, & celle des sucs qu’elle renferme, il en résulte un composé nuisible, si je ne dis pas, à toutes les plantes, du moins à un grand nombre : c’est ce que nos paysans appellent terre empunaisée. Le pécher mort sur la place, vicie le sol. Si on le remplace par un autre, il faut changer la terre, & la renouveller au moins sur trois a quatre pieds de profondeur & sur une toise de circonférence. Les maladies dues à des causes externes, sont la brûlure, le givre, la rouille, la nielle, le charbon, l’ergot, la mousse, la jaunisse, les gales, l’étiolement, &c. qui toutes opèrent une altération dans la sève, ou plutôt en sont une suite. (Afin de ne pas répéter ce qui a déja été dit, consultez ces mots.) À ces causes générales, il convient d’en ajouter des accessoires qui tiennent uniquement a la maladresse, & à l’insouciance des tailleurs d’arbres ; telles sont les playes qu’ils multiplient, en parant & rafraîchissant les racines ; les grandes playes en taillant les arbres, qu’ils laissent exposées à l’action de l’air, du soleil, de la pluye, enfin de tous les météores atmosphériques ; les onglets, les chicots, les esquilles, &c (Consultez ces mots) Si l’écorce, la seule partie qui se régénère dans la plante, ne parvient pas à recouvrir la playe, le chancre & la pourriture en seront la suite. Les gros arbres auxquels on fait de fortes amputations, en offrent une preuve démonstrative. Le tronc devient petit à petit caverneux, depuis le sommet jusqu’aux racines.

Je n’entrerai ici dans aucun détail, sur la manière dont la sève nourrit l’arbre, comment elle monte entre l’aubier & l’écorce, comment cet aubier devient bois parfait ; comment la sève s’épure par la transpiration pendant son mouvement ascendant & descendant. Je ne dirai pas de quelle utilité sont pour elle les feuilles ; comment elle se perfectionne dans les bourgeons, dans les boutons, dans les fruits, &c. Tous ces articles ont été traités séparément.


CHAPITRE II.

Des causes mécaniques du renouvellement de la sève, dite du printemps & du mois d’août.

Ces deux sèves si exactes aux époques indiquées, & presque analogues par leurs effets, ont-elles lieu dans les arbres de l’un & de l’autre hémisphère ? Je n’ose en répondre parce que je n’ai pu l’examiner. Ont-elles lieu dans les régions du Nord de l’Europe, où les rigueurs du froid se font sentir pendant neuf mois de l’année ? C’est un fait à vérifier. Ces deux sèves ont-elles lieu sans exception, sur toutes les espèces d’arbres & d’arbrisseaux d’Europe ? C’est encore un problème à résoudre,