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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/263

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de donner le temps à toutes les parties de l’arbre de s’aoûter, & la grande chaleur du mois de juillet concourt & complette l’aoûtement des bourgeons, des boutons & des racines. En vain tenteroit-on en juin & juillet de placer des greffes, l’écorce ne se détacheroit pas de l’aubier ; on la déchireroit plutôt que de la faire céder sous la lame du greffoir. Enfin, par la transpiration, par les sécrétions, la sève se perfectionnez pendant ce repos, à-peu-près de la même manière qu’elle s’épure, & prend de la consistance depuis la chûte naturelle des feuilles jusqu’au premier printemps. La chaleur du gros été fait en peu de temps, ce qui s’exécute longuement pendant la fin de l’automne & pendant l’hiver. La sève du mois d’août va commencer. Cette expression ne présente pas une idée rigoureusement vraie. Je m’en sers, parce qu’elle est adoptée en France ; mais nos provinces méridionales font exception à la loi. Le renouvellement de la sève s’y manifeste dans le mois de juillet, époque ou il convient de greffer. La chaleur la fin de juin & du commencement de juillet agit sur la végétation de ces climats, comme celle de juillet & du commencement d’août, sur les arbres des cantons plus tempérés ou du nord de la France. Cette chaleur plus forte dans les pays plus méridionaux encore, influe sans doute & devance l’époque de cette seconde sève ; c’est pourquoi je ne me suis attaché qu’à développer ici la marche de la sève en général dans les provinces plus au nord de la France. Quoi qu’il en soit la marche est la même ; les époques sont seulement devancées.

Jusqu’à ce moment, les nouvelles racines ont été dans l’enfance ; les voilà devenues nubiles, & elles vont en pousser d’autres qui, pendant tout le reste de l’été & de l’automne, travailleront seulement à leur croissance, & se mettront en état, au renouvellement du printemps, de fournir les sucs destinés à délayer les principes de l’ancienne sève, & à en fournir de nouveaux. C’est par cette succession que les principes séveux sont formés, digérés & perfectionnés à l’avance, chacun pour leur saison.

Pendant que les nouvelles radicules vont se former, celles qui ont poussé depuis le premier printemps, fournissent les principes de la sève du mois d’août. Tant que dure cette sève le germe des boutons se prépare, chaque nouvelle feuille en nourrit un. Si plusieurs feuilles sont réunies, plusieurs germes pousseront au printemps suivant ; les uns seront à bois, les autres seront à fruit & bois. Ce que je dis, s’applique plus particulièrement aux arbres à noyaux qu’à pepins. Sur ces derniers, les germes ou boutons doivent être sur vieux bois, pour se changer en boutons à fruit, deux ou trois ans après ; tandis que sur le pêcher, par exemple, le fruit est toujours sur la pousse de l’année précédente, ainsi que le bois nouveau qui doit perpétuer cet arbre, & produira de nouveaux bourgeons. Je ne veux pas dire pour cela qu’il n’y aura que les nouveaux boutons, produits pendant la sève d’août, qui donneront du fruit ; cette assertion seroit trop générale, mais il est constant que, suivant le mode de végétation, que la nature a imposé à chaque arbre, tous ses boutons ou germes exprimés, soit pendant le printemps, soit pen-