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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/304

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spasmodique à l’habitude du corps, il faut qu’il ne soit pas trop considérable, ni situé trop profondément ; car autrement il occasionneroit une chaleur extérieure, à moins que les forces ne manquent totalement.

M. de Sauvages, dans sa nosologie, divise les spasmes en tonique & clonique. Les spasmes toniques, selon lui, sont ceux dans lesquels les muscles restent constamment immobiles & contractés ; les spasmes cloniques, ceux dans lesquels la partie qui souffre convulsion, est agitée.

Les spasmes toniques sont généraux, ou particuliers à certaines parties. Dans la classe de ces derniers, sont compris le strabisme, le tic, le torticolis, la contracture de quelque partie du corps, la crampe & le priapisme.

Le tétanos & la catalepsie composent celle des généraux.

Les spasmes cloniques particuliers sont beaucoup plus nombreux ; de ce nombre sont la souris, le soubresaut, le tiraillement, l’ébrouement, la convulsion, le tremblement, la palpitation & le boitement.

Le frisson, la convulsion des enfans, l’épilepsie, la passion hystérique, la danse de St. Guy et le béribéri, maladie Indienne, forment la classe des spasmes cloniques généraux.

Il est aisé de voir que dans cette nomenclature, sont renfermés certains articles qui ont été déjà traités ; nous y renvoyons le lecteur. Nous ferons observer que dans les fièvres aiguës, le spasme est d’abord très-fort par l’irritation des fluides imprégnés de la matière morbifique. Mais dès que la nature a surmonté ses efforts, elle donne des signes certains de coction dans les urines, ou autres évacuations. Il succède au spasme qui causoit la fièvre, une détente générale de tout le système vasculaire ; pour lors les émonctoires s’ouvrent, & la matière qui n’a pu être assimilée par les forces réitérées des solides, sort du corps. Il en est de même dans les grandes blessures. D’abord, le spasme est très-grand, & les bords de la plaie s’enflamment. Le chagrin, la tristesse, les peines d’esprit produisent le plus souvent les spasmes : les exercices immodérés, les jeux, les veilles, les longs jeûnes, l’usage des liqueurs fortes & fermentescibles, celui des alimens salés, épicés & de haut goût, peuvent aussi y contribuer & les exciter.

Les tempéramens vifs, ardens & bilieux sont les plus exposés à avoir des spasmes. Ce qu’il y a de bien certain, c’est qu’ils supposent toujours un degré de sensibilité beaucoup plus grand que dans l’état naturel.

Hypocrate regarde comme d’un très-mauvais augure les spasmes qui surviennent dans les fièvres aiguës avec beaucoup d’ardeur. Il en est de même de ceux qui accompagnent les douleurs vives dans les entrailles.

Rivière nous apprend qu’ils sont moins dangereux au commencement d’une maladie, que lorsqu’elle est parvenue à l’état fixe ; moins dangereux aussi dans les enfans que dans les adultes, & dans les femmes que dans les hommes.

Les spasmes sont quelquefois essentiels, mais le plus souvent symptomatiques. Ils sont pour l’ordinaire les avant-coureurs de plu-