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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/308

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gangrènes qui forment des croûtes épaisses, noires, où l’on ne doit avoir en vue que de relâcher l’activité du mode inflammatoire, par le moyen de simples fomentations d’eau tiède.

La gangrène excitée par la brûlure, exige les mêmes indications, c’est-à-dire, le calme de la douleur & du mode inflammatoire. On parvient néanmoins à détruire le spasme & la tension qui en sont presque toujours inséparables, par les onguens, par le cérat combiné avec le camphre ; par l’extrait de saturne.

M. Quesnay exclut toute espèce de corps gras, qu’il regarde avec juste raison comme plus pernicieux que salutaires. Il veut qu’on cautérise plutôt les chairs à demi ruinées par l’action du feu, ou en se servant d’un acide très-concentré, tel que l’eau de Rabel, ou l’esprit de nitre dulcifié, avant de mettre en usage les émolliens. Cette pratique est digne d’éloge, & mérite d’être suivie. On pourroit encore suivre cette méthode, lorsque la nécessité veut qu’on cautérise légèrement quelque tendon, ou quelque aponévrose.

Il ne suffit pas toujours dans les cas de gangrène, de modérer l’activité du mode inflammatoire ; il faut au contraire le ranimer, lui imprimer une certaine force, sur-tout lorsqu’il est trop languissant pour produire & exciter une suppuration assez forte & propre à détacher la partie morte de la vivante. C’est dans cette espèce que Quesnay comprend les gangrènes qui dépendent d’une lésion maligne, & qu’il appelle avec raison gangrenés mortes.

On doit encore y rapporter celle qui est avec stupéfaction & commotion violente, produite par des plaies d’armes à feu. Elles exigent un traitement bien différent. Outre les dilatations qu’il faut faire, & qu’il ne faut pas trop étendre de peur de donner naissance à une plus grande propagation de gangrène, il faut éviter les émolliens & les remèdes froids & humides ; on doit au contraire relever le ton languissant, exciter le mode inflammatoire déja affoibli, en employant les sinapismes, l’eau-de-vie camphrée, les acides minéraux comme escarrotiques & autres digestifs anti-putrides, à la circonférence de la plaie, & en donnant intérieurement du quina, du bon vin rouge, & autres cordiaux.

M. Barthez ne veut pas qu’on coupe jusqu’au vif. Il pense qu’il vaut mieux attendre qu’il paroisse un cercle rouge, & couper deux doigts au-dessus de ce même cercle.

Le quina doit être administré comme le meilleur anti-septique, sur-tout si l’on croit à l’existence des miasmes gangreneux & putrides sur la partie affectée. Mais ce n’est pas dans cette seule vue qu’il doit être employé. S’il y a attonie, défaut d’activité, inertie dans le mode inflammatoire, on le donnera alors comme tonique, à des doses bien différentes, tout comme si on avoit à combattre des fièvres malignes. M. Petit pense qu’on guériroit plus de gangrènes qu’on ne fait, si on les traitoit comme des fièvres malignes par de fortes doses de quina & les vésicatoires.

Dans la gangrène des membres