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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/314

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tout comme aussi il est souvent compliqué avec le phlegmon ou avec l’érésipèle.

Le Squirhe interne n’est pas toujours aisé à connoître ; on en a souvent trouvé dans les cadavres, dans lesquels on ne l’avoit jamais soupçonné. Cependant, lorsque cette tumeur a acquis un certain degré d’accroissement, son volume, sa dureté & son insensibilité doivent beaucoup nous rassurer sur son existence.

L’épaississement de la lymphe, & celui des humeurs excrémentitielles, Ou récrémentitielles, est la vraie cause du squirrhe : mais cet épaississement est subordonné à une infinité d’autres cause : dans cette dernière classe on doit y comprendre l’usage des alimens grossiers, & de difficile digestion, & celui des acides. L’oisiveté, une vie molle & sédentaire, le grand froid, l’exposition à un air trop humide, le séjour dans une région marécageuse, ou avoisinant de gros fleuves, les noirs chagrins, la mélancolie, la disette, les virus scorbutiques, écrouelleux ou vérolique, sont à la vérité, autant de causes générales qui agissent également sur toutes les parties ; mais elles agissent ensuite plus particulièrement dans tel ou tel autre viscère en particulier, selon les circonstances. C’est ainsi que la bile épaissie produit un squirrhe dans le foie. Le lait grumelé en cause un autre dans les mamelles, ou dans la matrice ; la semence dans les testicules ; le chyle dans les glandes du mésentère ; la lymphe dans les glandes conglobées.

Les coups & les contusions sont des causes externes d’engorgement lymphatique que la résorption de la sérosité qui sert de véhicule à la lymphe, fait endurcir & dégénérer en squirrhe. Le squirrhe parfait est incurable : il est même dangereux d’en entreprendre le traitement, parce que les remèdes qu’on employe pour le forcer à prendre une tournure salutaire, ne font au contraire que devenir plus funestes, en accélérant sa dégénération en cancer.

Il n’en est pas de même du squirrhe imparfait ; celui-ci est susceptible de guérison ; mais elle a toujours lieu d’une manière très-difficile & très-lente. Il se termine ordinairement par la résolution & par la suppuration. Cette dernière terminaison n’est jamais salutaire que dans les squirrhes extérieurs.

Astruc veut qu’on abandonne tout usage des remèdes fondants & curatifs, & qu’on se réduise aux seuls palliatifs dans le squirrhe carcinomateux, lors surtout que le malade ressent quelque élancement dans la partie squirrheuse. « Il ne faut jamais, ajoute-t-il, entreprendre la guérison d’un squirrhe noir ou plombé, dont la surface est marbrée par des veines variqueuses : on ne feroit que hâter la génération du cancer. »

Le squirrhe qui reconnoît pour cause la viscosité, & l’âcreté des humeurs, cède plus aisément aux remèdes fondants qu’on met en usage pour le combattre, que celui qui dépend d’une salure & d’une acrimonie portées à l’extrême,

Le squirrhe intérieur est toujours plus dangereux que l’extérieur. Celui-ci se guérit plus aisément, parce qu’il reçoit toujours mieux l’impression & l’action des cataplasmes & autres topiques qu’on met en usage pour le résoudre, ou pour le faire