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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/36

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vaisseaux qu’on évacue, ou dans ceux qui y correspondent immédiatement.

Cet afflux de sang, augmenté pendant la saignée dans le vaisseau ouvert, a été appelé par les médecins dérivation ; cette diminution de la quantité de sang contenu dans les vaisseaux les plus éloignés, qui vient se rendre au lieu ouvert, ou qui coule en moindre quantité dans cette partie éloignée, parce qu’il faut que le cœur fournisse davantage au vaisseau le plus vide, parce que le sang se jette toujours du côté de la moindre résistance, s’appelle révulsion. Tel est l’avantage de la saignée à la jugulaire dans les pléthores particulières de la tête, qui causent des céphalalgies, des vertigo. Nous aurons lieu d’examiner cet objet en détail ; passons aux autres effets de la saignée.

Si le sang coule goutte à goutte, il se formera peu à peu sur les bords de la plaie un caillot, par l’application & la coalition successive de la partie rouge du sang épaisse & desséchée par le défaut de mouvement & le contact de l’air. Ce caillot, observé si constamment par Haller, arrêtera l’hémorragie, collera les bords de la plaie, & enfin laissera voir la cicatrice par sa chute. Cette cicatrice resserrera le vaisseau, en diminuera le diamètre dans l’endroit où elle se trouvera placée, à moins qu’il ne survienne à l’artère un anévrisme, auquel la force & l’inégalité du jet donneroit lieu en dilatant les membranes affaiblies par la plaie, en empêchant la réunion de la plus intérieure ; ce qu’on peut prévenir par les moyens détaillés dans l’article Anévrisme. Voyez ce mot.

Si on enlève le caillot avant la réunion de la plaie, & que le vaisseau soit considérable, les symptômes précédens se renouvelleront, la saignée tombera en défaillance, la circulation sera interrompue dans tout le corps de l’animal, & l’hémorragie arrêtée par ce nouvel accident. Ce dernier effet sera d’autant plus prompt, que le sang coulera en plus grande quantité dans un temps donné. Il sera dû à l’état des vaisseaux sanguins & du cœur, qui n’étant pas remplis au point nécessaire pour la propagation du mouvement, suspendront leur action, jusqu’à ce que la nature effrayée, ranimant ses forces, fasse resserrer le calibre de tous les vaisseaux, & soutienne cette compression du sang nécessaire à la vie. Si alors le sang s’échappe de nouveau, le caillot, à la formation duquel la défaillance donne lieu, ne s’étant point formé par la dissolution du sang, ou par la force avec laquelle il est poussé, la compression étant détruite aussitôt qu’elle est formée, les défaillances répétées amèneront la mort.

Si au contraire l’hémorragie est arrêtée naturellement ou artificiellement, le resserrement général & proportionné de tous les vaisseaux, & la loi posée que le sang en mouvement se tourne toujours du côté où il trouve moins d’obstacles, feront que l’équilibre se rétablira bientôt dans les vaisseaux sanguins ; de manière que chacun d’eux éprouvera une perte proportionnelle à son calibre. Cette perte se propagera successivement dans les vaisseaux séreux, &c., qui enverront leurs sucs remplacer en partie le sang évacué, ou qui en sépareront une moindre quantité.

Par l’augmentation de ces liqueurs